Les participants au colloque Rencontres chlordécone qui s’est tenu au Gosier, depuis le début de la semaine, avaient plusieurs visites sur le terrain. Parmi celles-ci une visite au CIRAD, mercredi après-midi.
Le CIRAD, Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, est l’organisme français de recherche agronomique et de coopération internationale pour le développement durable des régions tropicales et méditerranéennes.
En Guadeloupe, il a trois sites dont la station de Neufchateau, à Capesterre Belle-Eau, plus particulièrement spécialisé dans la recherche sur la banane.
La banane est la troisième culture fruitière tropicale. Avec 85 % de sa production consommée localement, elle joue un rôle majeur dans la sécurité alimentaire des pays d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie où elle est cultivée. Egalement premier fruit d’exportation au monde, elle joue un rôle économique et social fondamental pour les pays producteurs / exportateurs, où elle crée des revenus importants et constitue une source majeure d’emplois, principalement dans les zones rurales de ces pays. Aussi, le Cirad accompagne les acteurs des filières Banane et plantain, à innover vers une plus grande durabilité y compris à l’échelle du territoire.
Source CIRAD
La production de bananes en Guadeloupe est le point de départ d’une pollution majeure, celle à la chlordécone.
En accord avec les planteurs de bananes, les ingénieurs et techniciens du CIRAD ont étudié comment assurer la pérennité de la culture, culture d’exportation, face aux maladies traditionnelles et émergentes.
Plusieurs techniques ont été développées qui sont utilisées désormais en bananeraie pour éviter au maximum les intrants et traitements divers potentiellement pollueurs.
C’est ce qu’ont expliqué les techniciens en faisant visiter aux membres du colloque diverses parcelles qui sont les modèles de ce qui est pratiqué ou pourrait être pratiqué localement par les agriculteurs.
Les recherches n’ont pas de fin pour améliorer la culture des bananiers. L’une des techniques est de diversifier les cultures, à savoir planter des arbres fruitiers entre deux rangées de bananiers. Les bananiers assurent les rentrées d’argent régulières en attendant que les arbres fruitiers, dans une parcelle c’étaient des cacaoyers, puissent produire (au bout de trois ans sur cette parcelle modèle) et à leur tour assurer des rentrées d’argent. Le même système peut intégrer des rangs de pieds d’ananas.
Il s’agissait ici de culture biologique en limitant les intrants, en utilisant des plantes de couverture du sol , des pièges à nuisibles, en effeuillant les bananiers atteints de cercosporiose pour limiter les dégâts, etc.
Les objectifs du Cirad
- Assurer la pérennité de la culture face aux maladies traditionnelles et émergentes et aux menaces planétaires tels que le changement climatique.
- Contribuer au développement et à la durabilité des productions intensives de banane dessert en réduisant les impacts environnementaux négatifs des plantations industrielles, en particulier l’usage des pesticides.
- Améliorer la durabilité économique et sociale de la filière en créant de la connaissance : et ainsi favoriser la répartition de la valeur, couvrir le coût de l’innovation, développer de nouveaux marchés, améliorer les conditions des travailleurs et intégrer les filières dans la société et le territoire.
- Favoriser la sécurité et l’indépendance alimentaires des pays producteurs de banane à cuire (plantain) en améliorant les performances et la résilience des systèmes de production.
Magalie Lesueur Jannoyer, ingénieur agronome, directrice régionale du Cirad Antilles-Guyane :
Parmi les ingénieurs qui ont fait la visite, l’un d’eux étudie au Génoscope, comment éliminer la chlordécone des sols pollués.
Sébastien Chassonnerie, ingénieur au Génoscope CEA :
