« Dirijan ki pa sekirize vi, ki pa pèmèt menm ti moun al lekòl, sa yo itil ? », message fort et si significatif qu’a fait passer M. Jean-Baptiste, trois jours avant sa brutale disparition…
Eric Jean Baptiste, ancien candidat à la présidence et leader du parti RDNP, a été victime des gangs à Laboule 12.
Éric Jean Baptiste, secrétaire général du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP) et ancien candidat à la présidence d’Haïti a été tué par balles dans la nuit de vendredi à samedi 29 octobre 2022 sur la route menant à son domicile à Laboule 12.
Le Nouvelliste a confirmé la nouvelle auprès du porte-parole du parti, Ricardo Nordin, et d’une autre source proche de la victime. L’attaque s’est produite à quelques mètres de l’immeuble Jane Barbancourt aujourd’hui Château Ternier.
Ricardo Nordin a témoigné :
Deux gangs s’affrontent dans le secteur
« Des hommes lourdement armés ont criblé de balles le véhicule dans lequel il se trouvait au niveau de Laboule. Son agent de sécurité est décédé sur place. Éric Jean Baptiste a été conduit à l’hôpital. Mais il n’a pas survécu », a indiqué en pleurs le porte-parole.
Laboule 12, quartier aisé de Pétion-Ville, est le théâtre de crimes violents, de tuerie et d’enlèvements depuis plusieurs mois. Cette zone est contrôlée par le gang dirigé par Carlo Petit-Homme, alias Ti Makak.
Ce groupe armé avait été indexé dans l’assassinat du directeur général de l’organisme étatique Entreprise publique de promotion de logements sociaux (EPPLS) et ancien sénateur Yvon Buissereth, tué puis brûlé dans son véhicule en août dernier avec son chauffeur.
Plusieurs policiers ont été tués dans la même zone après des affrontements avec des membres de gangs.
Deux groupes s’affrontent dans le secteur sur fond de conflit terrien. L’un est lié à un homme d’affaires, grand propriétaire terrien, Monsanto Petit dit Toto et l’autre est emmené par Ti Makak un jeune né dans le quartier de Laboule 12, immense territoire qui relie Port-au-Prince, Carrefour et les hauteurs de Pétion-Ville.
Une première tentative en 2018
Éric Jean Baptiste avait déjà échappé à une tentative d’assassinat le 1er octobre 2018. A l’époque, il emmenait ses 3 enfants à l’école lorsque sa voiture avait été la cible de plusieurs projectiles d’origine inconnue au niveau de Carrefour Feuilles.
Également homme d’affaires, Éric Jean Baptiste s’est illustré comme un mécène à travers la Fondation qui porte son nom. Il aidait aussi bien des écoles, des universités et des petites gens.
Pourfendeur des casques bleus de l’ONU après l’introduction du choléra en Haïti par des soldats népalais, il avait annoncé que la Fondation Éric Jean Baptiste allouerait une enveloppe de 57 millions de gourdes pour combattre la COVID-19 en Haïti.
Pendant des années, l’homme d’affaires, qui dirigeait une chaîne d’échoppes de vente de loterie (borlette), parcourait le pays pour distribuer des masques et promouvoir le lavage des mains tout comme il s’illustrait dans l’aide aux victimes des catastrophes naturelles qui ont frappé le pays.
Samedi 29 octobre 2022, le premier ministre de facto Ariel Henry a condamné « énergiquement ce crime odieux contre ce patriote, cet homme politique modéré et engagé pour le changement. »
« L’horrible assassinat du leader politique, Eric Jean Baptiste, et de son garde du corps, a, une nouvelle fois, plongé la nation haïtienne dans l’émoi », écrit-il sur Twitter.
« Nous présentons, au nom du gouvernement et du peuple haïtien, nos sincères condoléances aux familles des victimes, au #RDNP et à la classe politique, aujourd’hui révoltés par ce crime crapuleux. »
Source : Le Nouvelliste