Guyane. Les pharmaciens en lutte contre les faux médicaments

Les premières officines qui se sont équipées témoignent de leurs difficultés. Comme annoncé par l’Ordre départemental des pharmaciens, l’Agence Régionale de Santé de Guyane débutera ses contrôles dès la semaine prochaine.

Une directive européenne de 2011, applicable en France depuis 2019, oblige les pharmaciens à mettre en œuvre un dispositif de lutte contre les faux médicaments, appelé « sérialisation ». La France est le pays d’Europe le plus en retard dans son application. « La France est la porte d’entrée de la contrefaçon dans toute l’Europe », déplorait, en juin, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Elle risque une amende de plusieurs centaines de millions d’euros.

La sérialisation des médicaments s’impose aujourd’hui dans l’urgence. Sont concernés les médicaments à prescription médicale obligatoire et l’oméprazole. En pratique, cela passe par un identifiant unique sur chaque boîte, sous forme d’un QR Code, encore appelé Datamatrix, et un dispositif anti-effraction (une étiquette au niveau de l’ouverture) sur la boîte qui garantit que son contenu n’a pas été changé. Le pharmacien doit scanner la boîte quand elle entre dans son stock et à nouveau au moment de sa délivrance au patient.

« La mise en place est pénible », témoigne un pharmacien

José Manantsara, pharmacien à Saint-Laurent du Maroni et président de l’URPS, souhaite que « 100 % des pharmacies soient connectées à la fin de l’année ». Il estime qu’environ 30 % des officines de Guyane le sont. Dans sa ville, ils ne sont que deux, en attendant d’être rejoints par les autres pharmaciens. « Notre crainte, c’était que ce dispositif alourdisse la délivrance de médicaments au quotidien, mais tout reste fluide », José Manantsara.

Jean-François Aurore, gérant de la Pharmacie de la Madeleine, à Cayenne, fait partie des premiers à s’être équipé, en début d’année. Non sans difficultés : « Ce n’est pas quelque chose d’impossible. J’ai travaillé en Allemagne, en Belgique, au Luxembourg où la sérialisation est en place depuis 10 ans. Mais, je trouve que la mise en application est pénible. »

Selon certains pharmaciens, un seul des logiciels de gestion d’officine utilisés en Guyane est configuré pour la sérialisation. « Quand on demande aux éditeurs, ça traîne », déplore Jean-François Aurore. Quand leur logiciel est à jour, des pharmaciens se plaignent des difficultés à s’équiper en douchettes, ces appareils qui servent à scanner le QR Code.

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