Harry Durimel : « Pointe-à-Pitre sort progressivement de l’illégalité »

L’annonce de la fermeture du hall Paul-Chonchon, le 3 octobre, a fait l’effet d’une douche froide. Le complexe sportif de Bergevin, qui accueille toute la Guadeloupe pour des compétitions sportives et manifestations culturelles, souffrirait de nombreuses carences en matière de sécurité.

Les avis défavorables régulièrement émis par la commission de sécurité depuis 2016 sont restés sans effet. Au mépris de la sécurité des usagers, le hall Paul Chonchon a poursuivi ses activités, accueillant rencontres sportives, concerts, manifestations en tous genres, dont la fête des cuisinières, au mois d’août…

Pourtant, dès juillet, la sous-commission consultative départementale pour la sécurité contre les risques d’incendie et de panique dans les Etablissements recevant du public a émis un avis défavorable suite aux 18 points de non-conformité relevés.

Des extincteurs en guise de cale-portes

Parmi les « perles » qui figurent dans le procès-verbal de visite, la commission signale des issues de secours non entretenues, des extincteurs non contrôlés et en nombre insuffisant, des installations techniques (éclairage de sécurité, électricité…) en mauvais état de fonctionnement, le stockage de matériaux combustibles, une porte coupe-feu hors service, idem pour les extincteurs qui « servent de cale-portes », des portes d’évacuation présentant des difficultés à l’ouverture…

Quant au bâtiment omnisports, « inachevé », selon Christophe Ducos, directeur des services techniques de la ville de Pointe-à-Pitre, il aurait été mis en service de manière illégale, sans réception des travaux. Autant de manquements qui engagent directement la responsabilité pénale du maire en cas d’incident.

Une ville étranglée par les dettes

Quand on sait les nombreuses manifestations accueillies à Paul Chonchon, en présence du public, cet énième avis défavorable qui entraîne la fermeture du site soulève bien des questions, dont celle de la poursuite d’activité malgré les manquements relevés depuis 2016, puis 2018…

Harry Durimel, maire de Pointe-à-Pitre et Georges Brédent, élu en charge de la Culture.

La situation financière de la ville de Pointe-à-Pitre, étranglée par les dettes, explique en partie la fuite et la faillite des entreprises prestataires. Harry Durimel, maire depuis 2020 et avocat, ne transige pas avec la loi : « Il s’agit d’être responsable et de ne pas exposer les usagers du hall Paul Chonchon au danger. »

Si Harry Durimel martèle sa volonté de « tout mettre sur la table pour sortir Pointe-à-Pitre de l’illégalité », cela ne suffira pas à financer les coûteux travaux de mise en conformité. Fortement soutenu par l’Etat grâce au dispositif CoRom (contrat de redressement en Outre-mer), la ville de Pointe-à-Pitre lance un appel aux collectivités majeures et à l’Etat pour « donner à la Guadeloupe un équipement à la hauteur de ce que le sport rapporte à l’archipel, indique Harry Durimel. Il faut sortir par le haut de cette situation désagréable et pérenniser le sport à Pointe-à-Pitre. »

Une réouverture en deux temps

Christophe Ducos, directeur des services techniques de Pointe-à-Pitre.

Certain que son appel sera entendu, Harry Durimel envisage une réouverture à partir du mois de novembre. Les premiers travaux (déblocage des issues de secours, graissage des portes…) ont commencé avec la régie municipale.

« C’est un entretien basique qui n’a jamais été fait, constate Christophe Ducos. Des bâtiments de Pointe-à-Pitre n’ont pas eu de visite périodique depuis des années et n’ont pas été entretenus. Ils tombent en décrépitude et deviennent dangereux. » Parallèlement à ces travaux élémentaires, un diagnostic sera établi pour définir le montant des travaux, recruter un maître d’œuvre… La réouverture du site se ferait en deux temps : à partir de novembre, après une nouvelle visite de la commission de sécurité, puis en janvier 2023.

Cécilia Larney

Quelles alternatives ?

En attendant la reprise des activités au hall Paul-Chonchon, la ville de Pointe-à-Pitre a proposé quelques solutions de repli aux associations dont les activités sont domiciliées sur le site de Bergevin. Le complexe Michel Benjamin, le stade Pierre-Antonius, les écoles Raymond-Bambuck, Léon-Feix et de Lauricisque.

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