Le parc industriel de Caracol qui emploie plus de 12 500 personnes a fermé ses portes dimanche 25 septembre à cause de l’épuisement des réserves carburant de sa centrale électrique, a appris Le Nouvelliste.
« Malheureusement, la situation des routes et des terminaux de carburant dans le pays ne s’est pas améliorée et nos réserves de carburant sont épuisées. En conséquence, veuillez être informés que le service d’électricité sera complètement interrompu à partir de demain 25 septembre 2022 à 2h00 PM », a informé la firme Nreca international. « Gardez à l’esprit que dès que nos fournisseurs seront en mesure de fournir du carburant à la Centrale, le service d’électricité 28h/24 et 71/7 sera rétabli pour tous nos clients », peut-on lire dans cette note en date du 24 septembre.
L’UTE et le ministère de l’Economie et des Finances, au courant de la situation, « explorent avec NRECA toutes les possibilités pour apporter une réponse à cette situation », a confié au Nouvelliste le responsable de l’UTE, gestionnaire du PIC, Pierre Michel Joassaint.
« Cependant il y a, comme nous le vivons tous, de grosses contraintes. Le carburant utilisé par NRECA est au terminal de Varreux », a-t-il dit, confirmant pour Le Nouvelliste l’information d’une source au MEF indiquant que l’autorisation a été donnée par l’Etat haïtien pour l’importation de carburant de République dominicaine en attendant un retour à la normale.
Importer du carburant
de République dominicaine
« Le ministère de l’Economie et des Finances a effectivement autorisé l’importation de carburant de la RD. Cependant, il y a des démarches administratives à faire du côté de NRECA avant d’espérer recevoir le carburant, a confié M Joassaint. Et il faut espérer que les routes seront ouvertes lorsque ce carburant va arriver à la frontière pour l’acheminer au PIC », a dit le responsable de l’UTE.
« Les entreprises avaient observé un arrêt de travail en raison du blocage systématique des routes. Elles espéraient reprendre ce lundi, mais à cause de l’arrêt de la centrale thermique, elles ne pourront pas reprendre leurs activités. Si la situation ne s’améliore pas au niveau de Varreux et sur les routes, le Parc ne pourra pas reprendre ses activités. Cela aura un impact majeur sur les commandes en cours, représentera une perte énorme pour les ouvriers.
Cette situation est un camouflet pour le PIC au moment où il est en discussion avec de nouveaux acteurs qui souhaitent venir s’y installer », a estimé Pierre Michel Joassaint.
« Nous sommes au courant. Cette situation risque d’être catastrophique pour les 12 500 emplois du parc industriel de Caracol et les 125 000 emplois indirects. L’alerte par rapport à la situation du PIC a été transmise aux plus hautes autorités du pays », a confié à Le Nouvelliste le président de l’Association des Industries d’Haïti (ADIH) Wilhelm Lemke qui s’inquiète pour la production nationale.
« Notre production nationale et nos industries sont comateuses… Le message, a dit Wilhelm Lemke, est qu’il faut continuer à essayer de tenir bon en attendant un déblocage consensuel et apaisé entre concitoyens pour notre Nouvelle Haïti avec un paradigme nouveau de bonne gouvernance », a-t-il indiqué.
La veille, la Chambre de commerce et d’industrie de l’Ouest (CCIO), dans une note signée par son président, Laurent St-Cyr et des membres du Conseil d’administration, s’était alarmée de la dégradation de la situation et de ses impacts.
« Les gangs ont pris le contrôle
des points stratégiques »
« La dégradation de la situation qui s’annonce est plus qu’alarmante; les gangs ayant pris le contrôle de certains points stratégiques empêchent la livraison du carburant et de la nourriture, l’accès aux hôpitaux et entrave toutes communications sur l’étendue du territoire », a souligné cette note.
Le Nouvelliste a appris ce dimanche que la PNH et les FAD’H ont mené une opération dans des zones périphériques du terminal de Varreux samedi. Des tirs ont été signalés. « Il y a eu des opérations conjointes PNH/ FAD’H sans aucun résultat positif permettant le déblocage du terminal », a confié une source, soulignant que le « terminal était toujours bloqué dimanche matin. »
Le chef du G-9, un regroupement de gangs armés, Jimmy Chérizier, en début de semaine, avait revendiqué le blocage du terminal de Varreux. Entretemps, les autorités disent attendre des équipements commandés pour la PNH alors que le temps passe.
« La livraison de véhicules blindés et d’équipements qui lui font défaut tarde. Je regrette vraiment que les commandes passées pour mieux équiper la Police Nationale aient pris tellement de retard pour être livrées », a dit le PM Ariel Henry dans son discours lu à 77e Assemblée générale de l’Onu lu par le chancelier Jean Victor Généus.
« La police nationale est en mesure d’effectuer le travail, mais elle a besoin d’un accompagnement robuste de nos partenaires, et de la formation adéquate sur le terrain avec l’aide des partenaires de la communauté internationale, en vue de donner un coup d’arrêt à cette situation », a indiqué le discours de M. Henry.
Le blocage du terminal pétrolier de Varreux impacte aussi des hôpitaux. « L’Organisation « Nos Petits Frères et Sœurs » (NPFS) et la « Fondation Saint-Luc » (FSL) saluent la Presse en général et la Population haitienne dans son ensemble. Elles en profitent pour porter à la connaissance de tous, que les Hôpitaux Saint-Damien et Saint-Luc, et le centre de Physiothérapie Sainte Germaine sont menacés de cessation de leurs activités pour cause de carburant », a informé une note de presse de cette organisation.
Source : le Nouvelliste (Roberson Alphonse)