Politique. Gabriel Serville : « Il faut que Paris comprenne que nous ne sommes pas des enfants gâtés »

Gabriel Serville, président de la CTG. Capture d’écran

Gabriel Serville, président de la Collectivité territoriale de Guyane (CTG), a donné une conférence de presse, lundi 12 septembre, pour revenir sur les rencontres de Paris, la semaine dernière, avec les ministres des Outre-mer, Gérard Darmanin, également ministre de l’Intérieur, et Jean-François Carenco, ministre délégué — « une heure et demi de travail, un échange franc, direct. » Mais également sa rencontre de la Première ministre, Elisabeth Borne, puis du chef de l’Etat, Emmanuel Macron lors d’un diner de travail à l’Elysée.

Gabriel Serville, comme il l’a affirmé avec force devant la presse, avec les ministres, s’est permis de « lourdement insister sur le climat qui règne en Guyane, climat d’insécurité que nous connaissons depuis quelque temps. »

Gabriel Serville : « J’ai insisté sur la nécessité de parler du cadre statutaire, puisque cela fait des années que nous ne cessons d’établir le lien étroit entre la façon dont nous pouvons apporter des éléments de réponses d’ordre législatifs ou réglementaires à la situation de vie en Guyane et les conséquences que nous observons et qui, par moments, peuvent déboucher sur des actes totalement répréhensibles et qui entraînent ce climat d’insécurité… »

« J’ai insisté pour que le président de la République
réponde à notre demande d’inviter les ministres
à co-construire avec nous une feuille de route »

« L’objet de cette rencontre état de parler de l’Appel de Fort-de-France et d’insister auprès des deux ministres afin qu’is comprennent la nécessité, l’urgence qu’ils nous mettent en prise directe avec le président de la République », a rappelé le président de la CTG.

« Nous avons pu passer 50 minutes avec le président de la République. J’ai insisté pour que le président de la République réponde à notre demande d’inviter les ministres à co-construire avec nous une feuille de route qui établirait à la fois des contenus et un calendrier et surtout des objectifs à atteindre. Pour le président de la République le sujet de l’évolution statutaire, il l’avait dit et l’a répété, n’est pas un sujet tabou. Il faut simplement baliser le travail, le cheminement qui devrait nous permettre d’établir cette relation de travail dans le respect de la loi. »

Pendant le repas à l’Elysée, deux heures quarante-cinq minutes, cinquante minutes ont été consacrées à présenter les problèmes des Outre-mer. Pour Gabriel Serville, c’était le volet insécurité. Il s’est refusé à parler d’autres lieux que de la Guyane. Il a relié « la façon dont la Guyane est gérée, les manquements de la gestion et les actes d’incivilité et d’insécurité. »

« J’avais mis comme condition à ce dîner, une parole forte, une parole d’engagement du chef de l’Etat. » Apparemment, Gabriel Serville a été satisfait des cinquante minutes avec le président, il est donc allé au dîner…

Là, il a pu, comme il dit « marteler la nécessité qu’il y a pour la Guyane d’être entendue, que les moyens soient mis à disposition pour nous permettre de régler la question de l’insécurité et qu’enfin nous soyons dans la capacité d’avancer quand à la question statutaire de notre territoire. »


Pour ce qui est de la feuille de route en question, « c’est un travail qui sera fait dans les jours à venir ».

Elle comportera, a-t-il rappelé un calendrier, des contenus extrêmement précis, les objectifs à atteindre.

Il a annoncé que « la Première ministre s’est aussi engagée à mettre en place les moyens qui seraient sollicités par les différentes collectivités pour leur permettre d’avancer sur les problématiques qui relèveraient du quotidien, mais c’est surtout l’engagement qu’en février 223, se tienne un comité interministériel nous permettant de faire un rapport d’étape sur la façon dont ces différents dossiers pourraient évoluer. »

« Le président de la République a reconnu sa volonté d’accompagner les territoires d’Outre-mer qui voudraient
aller vers une révision de leur cadre statutaire »

Il a dit aussi que « le président de la République a clairement reconnu sa volonté d’accompagner les territoires d’Outre-mer qui feraient la demande d’aller vers une révision de leur cadre statutaire ou institutionnel parce que, comme je le dis, on n’est pas clonés les uns les autres : les demandes exprimées par les territoires ne sont pas uniformes. Autant la Guyane a pris de l’avance à travers les délibérations votées par le congrès, autant la Martinique est en train de mettre en place un processus qui pourrait ressembler à celui de la Guyane mais qui ne passerait pas par le même cheminement, la Réunion demande de casser l’amendement Virapoullé qui, dans la Constitution, empêchait toute évolution du cadre statutaire. Ils veulent pouvoir imaginer, à l’avenir, une évolution possible de leur cadre statutaire. Les Guadeloupéens sont sur une logique différente et Saint-Martin, qui a déjà pris de l’avance du fait qu’elle relève de l’article 74, n’est pas forcément dans la même lignée que la Guyane. »

Le point commun ? « Ces territoires souffrent de ce que leurs élus ne soient pas suffisamment entendus dune part, et que, d’autre part, les lois et règlements appliqués chez nous, sont faits pour le territoire de France hexagonale et ne correspondait pas toujours, pour ne pas dire jamais, sur certaines thématiques aux attentes des élus et de la population. »

Sur cette thématiques, les présidents des régions d’Outre-mer ont pu parler d’une seule voix, être plus forts pour se faire entendre.

« On veut garder les pieds sur terre on observant les éventualités, les difficultés et essayer de trouver
les meilleures solutions. »

« J’espère que le président de la République tiendra sa parole et ses engagements. Il a dit que ce serait bien de se caler sur le calendrier qui est programmé pour la révision du statut de la Nouvelle-Calédonie qui se fera fin 2023-début 2024. C’est une fenêtre de tir très faible, puisque ça ne fera que un an et quatre mois durant lesquels nous devrons mettre le paquet pour pouvoir faire évoluer le projet. Après cette opportunité, il se pourrait que la prochaine ne se présente pas avant quinze ou vingt ans, sauf si on venait à faire la révolution ça et là mais je ne veux pas tirer de plan sur la comète et on veut garder les pieds sur terre on observant les éventualités, les difficultés et essayer de trouver les meilleures solutions. »

Dernier point sur lequel le président Gabriel Serville a voulu s’exprimer au cours de cette conférence de presse : la relation avec le ministre de l’Intérieur.

Gérard Darmanin avait dit qu’il viendrait « d’ici la fin de l’année 2022. » Gabriel Serville a insisté, dit l’urgence de la situation. il a rappelé le travail conjoint CTG-préfecture, justice-etc. pour organiser les Assises de la sécurité programmées pour le 30 septembre. « Le ministre, a-t-il annoncé, viendra à ces assises. »

Ce qui lui permettra de toucher du doigt les problèmes de la Guyane. Et Gabriel Serville a rappelé que le temps où il était député (9 ans), il a pu constater que… à Paris, on ne connaissait rien de la Guyane et de ses problèmes.

« Donner des signes forts à la population et démontrer
que le mandat qui nous a été confié est respecté »

Pour Gabriel Serville, qui ne cache pas son souhait d’une autonomie, il ne faut pas que les Guyanais attendent tout de Paris mais fassent preuve de responsabilité et assument.

« Il faut que Paris comprenne que nous ne sommes pas des enfants gâtés qui passent leur temps à tout réclamer sans qu’il soient en capacité de fournir les efforts que la population attend des élus. »

Le président Gabriel Serville souhait qu’à l’occasion de ce déplacement en Guyane le ministre Darmanin rencontre et échange avec le comité de pilotage qui travaille sur l’évolution statutaire de la Guyane « puisque nous avions dit que nous voulions voir comme, avec les services de l’Etat nous serions capables de co-construire des procès de protocole de part et d’autres qui définiraient clairement entre l’Etat et la CTG, ce que seraient la méthode, le calendrier, les objectifs. »

« On se doit, après ces engagements de paroles, du chef de l’Etat, de la Première ministre, des ministres, du président que je suis et des élus qui m’accompagnent, on se doit de se doter des éléments qui vont nous permettre de donner des signes forts à la population et de démontrer que le mandat qui nous a été confié est respecté », a encore dit Gabriel Serville.

André-Jean VIDAL

En savoir plus

L’intégralité de la conférence de presse

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