La saison des ouragans est jusqu’à présent particulièrement calme. Qu’en pense Bruno Benjamin, créateur du site spécialisé ouragans.com ?
A mi-parcours la saison qu’on annonçait animée est plutôt calme, non ?
Oui, c’est vrai, nous avons connu 59 jours sans activité cyclonique, entre le 3 juillet (tempête Colin) et le 1er septembre (tempête Danielle). Aucune des ondes tropicales qui ont parcouru le bassin Atlantique Nord n’a pu se développer. C’est inhabituel, c’est la première fois depuis 1941 qu’il y a une telle pause en pleine saison. A vrai dire, on a tellement pris l’habitude des 5 dernières saisons, très actives ou hyperactives, qu’on s’attend a avoir la même chose à chaque fois.
Pourquoi ce calme ? Est-ce normal ?
Le calme est essentiellement dû à la présence quasi permanente de brumes de sable d’origine saharienne dans l’atmosphère. Le sable a pour faculté d’assécher l’air; or les cyclones ont besoin d’un environnement humide pour subsister, ou pour se former. La plupart des ondes tropicales arrivant de l’est ont vu leur développement contrarié ou souvent interrompu. Et les rares qui ont pu survivre ont montré leur potentiel d’humidité (rappelons nous des fortes précipitations des 20 et 21 août dernier). Est-ce normal ? Ça le deviendra peut-être, c’est selon moi un des premiers signes visibles du dérèglement climatique. Le Sahel a connu un peu moins de précipitations qu’attendu durant le 1er semestre, facilitant le soulèvement de poussière.
Le réchauffement climatique constaté un peu partout dans le monde aura-t-il une influence chez nous ? Comment ?
Ca commence. Pointe à Pitre a observé une remontée de l’eau de mer par les égouts dans les quartiers à fleur d’eau, la pluviométrie est irrégulière, avec plus d’épisodes de chaleur et plus de pluies fortes. Nous sommes heureusement épargnés par les cyclones, mais est-ce que ça sera toujours le cas? Quand un cyclone arrivera à se glisser entre 2 nappes de sable avec des conditions favorables, il faudra se tenir prêts.