PAR ANTONY JEAN
Il y a 41 ans, le 28 août 1981, disparaissait le Marie-Galantais Furcie Tirolien, après une carrière politique bien remplie. C’était le père du grand poète Guy Tirolien et l’oncle de Patrice Tirolien qui devint, comme lui, enseignant et maire de Grand-Bourg entre 1989 et 2013.
Fils de Richou Tirolien et de Cécilia Turlepin, tous deux agriculteurs, Furcie Tirolien naît, le 30 janvier 1886, à Grand-Bourg de Marie-Galante. Il exerce tout d’abord la profession d’instituteur et devient, avant la Première Guerre mondiale, directeur de l’école communale de Morne-Lolo.
Sensibilisé aux difficultés de la classe ouvrière, il s’efforce, parallèlement, de développer le mouvement syndical. Il va ainsi participer à la création de quatre syndicats agricoles, affiliés à la Bourse du Travail de Pointe-à-Pitre : La Force Prolétarienne à Capesterre, L’Union des Petits Planteurs à Grand-Bourg ainsi que La Route Solidaire et Le Réveil.
Intelligent et ambitieux, il est l’un de ces enseignants qui vont finir par se vouer avec passion à la chose politique.
En 1925, il devient maire de Grand-Bourg sous la bannière du Parti Radical Socialiste. Élu conseiller général en 1928, il accède, en 1931, à la présidence de l’assemblée départementale, poste qu’il va occuper jusqu’en 1935, puis de 1938 à 1939.
Dans le collimateur du gouverneur
En 1936, des mesures d’inégibilité sont prises par le gouverneur Bouge, à l’encontre de Furcie Tirolien (maire de Grand-Bourg de Marie-Galante, accusé d’abus de confiance), Raphaël Jerpan (maire de Saint-Louis de Marie-Galante, accusé de fraude) et Ludovic Bade (maire de Capesterre de Marie-Galante, accusé d’ingérence). En réaction à ces mesures, des échauffourées opposant, en septembre de la même année, des gendarmes à la population, font des victimes, ce qui entraîne le rappel du gouverneur Bouge et son remplacement par Félix Éboué.
Dans les années 40, comme plusieurs autres maires de la Guadeloupe, Furcie Tirolien est révoqué par le gouverneur Sorin. Durant cette période, il va, par ailleurs, faire l’objet de deux décisions de justice, la première, du 1er octobre 1940, pour infraction à l’article 175 du Code Pénal et la seconde, de décembre 1941, pour faux en écritures publiques.
À la Libération, il retrouve cependant ses fonctions de chef d’édilité de Grand-Bourg, fonctions qu’il va garder pendant les 40 années suivantes, avant de laisser le fauteuil à son successeur, Marcel Etzol.
En 1947, Furcie Tirolien rejoint les rangs du Rassemblement du Peuple Français (RPF), le parti du général de Gaulle. Il participe activement à la vie du mouvement gaulliste dont il devient rapidement l’un des piliers locaux.
Aux élections cantonales, d’octobre 1949, il est de nouveau élu dans le premier canton de Marie-Galante et redevient président du Conseil général. Pour ce faire, il a dû, avec le soutien de Maurice Satineau, écarter, Médard Albrand, un autre gaulliste, ce qui lui vaut de se mettre à dos ses autres amis gaullistes. Les rancœurs persistantes lui font perdre, en 1950, la présidence du Conseil Général, mais il reste tout de même très actif sur le plan politique.
Sous les couleurs du RPF et du Rassemblement des Gauches Républicaines(RGR), il est élu député de la Guadeloupe, le 17 juin 1951. Son élection est fortement contestée, mais cependant validée par l’Assemblée nationale.
Il siège alors dans le groupe RPF puis, à partir de mai 1953, dans celui des Républicains sociaux. Réélu en janvier 1956, il ne se représente pas en 1958, lors des premières élections législatives de la Ve République et quitte ses fonctions de parlementaire, le 8 décembre 1958.
Il conserve cependant ses mandats de maire de Grand-Bourg jusqu’en 1965 et de conseiller général jusqu’en 1970.
Furcie Tirolien décède, le 28 août 1981, à Grand-Bourg. Une rue de cette commune porte son nom.