Hommage. Henri Bangou a 100 ans !

Le Dr Henri Bangou dans son bureau, dont les cloisons sont meublées de bibliothèques contenant des milliers de livres.

Homme politique, historien, écrivain, essayiste, le Dr Henri Bangou, cardiologue, fête les 100 ans de sa naissance ce 15 juillet 2022. La Guadeloupe lui rend hommage au lendemain de cet anniversaire, ce 16 juillet, salle George Tarer, à Lauricisque. Le Dr André Atallah, maire de Basse-Terre, lui a rendu un hommage appuyé.

Henri Bangou est né à Pointe-à-Pitre, dans une famille socialiste — son grand-père était compagnon de route d’Hégésippe Légitimus, fondateur du parti socialiste à la Guadeloupe et animateur du mouvement « négriste ». Son père militait dans cette tradition.

Lycéen à Carnot, il affectionne le latin et le grec, est excellent en composition française. Il devient cependant bachelier scientifique, passe le concours des bourses, est reçu avec succès et quitte en 1943 la Guadeloupe pour le Maroc pour continuer ses études. Il va rester dix ans hors de Guadeloupe.

Il fait son service militaire au Maroc, puis gagne Paris pour faire des études de physique, bifurque vers les lettres. Il obtient une licence et un DES en philosophie. Sa rencontre avec une militante communiste, Marcelle Montauriol, va changer sa vie. Elle est en médecine. Il fera médecine, se spécialisera en cardiologie. Henri Bangou s’engage aussi en politique, milite au PCF.

Engagé, il devient président de l’Association des étudiants guadeloupéens, anime le Comité de liaison anticolonialiste avec le réunionnais Jacques Vergès, devient vice-président aux affaires coloniales de l’Union Nationale des Etudiants de France (UNEF).

Henri Bangou est un « ouvrier de choc » ! Cette distinction lui est remise pour sa participation à la construction de la voie ferrée Samak-Sarajevo, en Yougoslavie.

On comprend que le jeune homme, brillant étudiant, désormais père de famille, même s’il tire le diable par la queue dans un minuscule meublé parisien, avec son épouse Marcelle qui a abandonné ses études supérieures pour élever ses enfants, ne s’en laisse pas compter. Militant il est, militant il restera.

En 1950, l’UNEF vire à droite… et Henri Bangou n’est pas réélu. Ses études terminées, il rentre en Guadeloupe, ouvre son cabinet à Pointe-à-Pitre.

Choqué par l’état de la ville — il passait régulièrement près d’un petit canal qui traversait les faubourgs, cloaque dénommé kanal kaka… C’est décidé : Henri Bangou va s’engager pour sa ville.

Il lance avec d’autres le Parti communiste guadeloupéen (PCG) en 1958, devient premier adjoint au maire communiste Hector Dessout en 1959, le remplace souvent. Quand Hector Dessout change d’orientation politique — il devient gaulliste en 1963 —, Henri Bangou se présente contre lui et devient maire de Pointe-à-Pitre de 1965 à 2008.

En 1965 et jusqu’à la fin des années 1970, il engage la rénovation urbaine de Pointe-à-Pitre. Bâtisseur, il a porté cette « première » rénovation urbaine de Pointe-à-Pitre à bout de bras, a fait rentrer la ville dans la modernité et surtout a fait corps avec les 12 000 habitants décasés, exposés au risque sanitaire majeur et dans le plus grand dénuement.

Des quartiers nouveaux sont édifiés, Lauricisque, Bergevin, Mortenol, les tours Gabarre. On assainit le vieux Pointe-à-Pitre, on ouvre des voies de circulation. Le Centre des arts et de la Culture est construit qui accueillera le gratin des artistes musicaux, le Hall des sports vibrera des acclamations pour les grandes équipes internationales de sport en salle. Le stade de Bergevin reçoit le grand Pelé…

Il y a des bibliothèques dans les quartiers, le Hall culturel du bicentenaire accueille les personnalités, le Centre des métiers d’art est un foyer de talents, la Salle Rémy-Nainsouta, le Musée Saint-John-Perse, le Pavillon de la ville reçoivent des expositions, des colloques, des causeries… le souhait d’Henri Bangou d’ouvrir largement les portes de la culture à la population est exaucé.

Conseiller général, vice-président du Conseil général, conseiller régional, sénateur… Henri Bangou prend sa retraite politique en 2008. Entretemps, il a fondé en 1991 le Parti Progressiste Démocratique Guadeloupéen (PPDG), après avoir pris de la distance avec le mouvement communiste au regard de ce qui se passait dans l’ex-URSS et dans les pays de l’ancien Bloc de l’Est. Il reste durant sa longue épopée politique et jusqu’à aujourd’hui un autonomiste convaincu.

L’association « Henri Bangou et les figures de proue de son époque. Études et thèses », crée en 2019, marquera l’anniversaire du fameux centenaire avec celles et ceux qui l’ont côtoyé, ses amis de toujours et sa famille, le 16 juillet 2022, à la salle George Tarer, à 8 h 30.

André-Jean VIDAL

Témoignage

André Atallah : « Le docteur Bangou a contribué
à faire entrer sa ville dans la modernité »

André Atallah, maire de Basse-Terre.

André Atallah, maire de la Ville de Basse-Terre et son conseil municipal « ont l’honneur d’adresser un heureux centième anniversaire au Docteur Henri Bangou. »

« Contemporain de la première grande rénovation urbaine de la ville de Pointe-à-Pitre, le docteur Bangou aura contribué à faire entrer sa ville dans la modernité et lui permettre de répondre aux défis de son temps.
Homme politique majeur de la Guadeloupe, il aura marqué par son sens du leadership en étant la figure de proue du parti progressiste guadeloupéen, et près de 43 années durant, le Grand Maire Bâtisseur de la Ville de Pointe-à-Pitre, des années 1960 au début de la décennie 2000.
En ce 15 juillet 2022, la Guadeloupe peut s’enorgueillir d’avoir vu naître des hommes et des femmes, à l’instar du Docteur Bangou, d’une très grande densité et avec le sens du pays chevillé au corps.
En tant que secrétaire fondateur du collège de cardiologie de la Guadeloupe avec à l’époque le Docteur Souriant, comme président, nous avions intronisé le Docteur Henri Bangou en qualité de premier membre d’honneur. Je me souviens du discours mémorable qu’il avait prononcé ce jour-là, mettant en exergue un autre talent, celui de l’écrivain prolifique.
Au grand homme gardien de l’âme guadeloupéenne, au grand-père, au père, au compagnon politique, joyeux anniversaire.
»

Dominique Théophile : « La traversée du siècle »

Dominique Théophile.

Le sénateur Dominique Théophile a souhaité témoigner.

« Ancien maire de Pointe-à-Pitre, ancien conseiller général et régional, le Dr Henri Bangou a été sénateur de la Guadeloupe.
Durant tout le temps de sa mandature, il n’a pas manqué de réclamer pour ses compatriotes le bénéfice des avantages découlant de leur statut de citoyens à part entière : égalité sociale, création d’emplois.
Au-delà, c’est le grand combat pour l’assemblée unique qui mobilisa son énergie, en écho aux convictions autonomistes de ses premiers pas en politique.
Enfin, les archives du Sénat gardent précieusement la trace de sa remarquable contribution à l’occasion du bicentenaire de la révolution de 1789 intitulée :
« La révolution et l’esclavage à la Guadeloupe ».
Nous félicitons chaleureusement le Dr Henri Bangou pour sa traversée exceptionnelle du siècle ! »

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