A l’issue du 12e congrès de l’UTS-UGTG, Elière Guiéba, ancien adjoint de Gaby Clavier, puis de Claudine Maraton, a « naturellement » été porté à la tête de l’Union des Travailleurs de la Santé (UTS). Le nouveau Secrétaire général de la section syndicale doit faire face à un contexte social particulièrement marqué par la suspension des personnels de santé, sans salaire, pour certains, depuis octobre 2021.
Votre syndicat est mobilisé depuis le 17 juillet 2021 contre l’obligation vaccinale des soignants, sans réelles avancées. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
C’est une bataille énorme. Nous n’avons jamais, par le passé, subi de violences aussi fortes et qui nous éloignent du monde professionnel. Nous sommes nombreux à être suspendus sans salaire depuis 9 à 10 mois, particulièrement des membres de notre syndicat qui est en première ligne dans la lutte. Nous sommes particulièrement visés par les suspensions. C’est terrible, mais on veillera à ce que ce combat syndical, mais aussi politique, pour le droit à la vie aboutisse.
Justement, où en sont les démarches que vous aviez entreprises avec les représentants des collectivités majeures, de la santé en Guadeloupe et les élus ?
Nous avions eu des réponses plus ou moins positives, indiquant que nous étions proches de la fin. Il a même été question du règlement des indemnités. Mais, on se rend compte que rien n’avance. Il n’y a pas d’issue, donc on va changer de braquet. On ne peut pas rester dans cette situation. Nous prévoyons une action pour le 1er anniversaire de cette mobilisation. Puis, samedi 23 juillet, avec tout le collectif en lutte, nous organiserons un « gran sanblé ». L’objectif est de finaliser ce conflit avant la fin des vacances.
Parallèlement, des procédures judiciaires ont été engagées ?
Oui. Nous avons déjà obtenu gain de cause sur plusieurs dossiers. D’autres procédures sont en cours pour dénoncer ces suspensions qui ont été faites pour casser les travailler. Dans certains établissements, des aménagements de postes auraient pu être envisagés, surtout pour les administratifs qui ne sont pas en contact avec les malades. Or, ces travailleurs ont aussi été suspendus sans discernement. Il y avait une volonté d’écarter certaines personnes.
Résultat, aujourd’hui, quel que soit l’établissement de santé, qu’il soit public ou privé, c’est un désastre au niveau sanitaire. Beaucoup d’établissements fonctionnent en mode dégradé parce que les salariés sont suspendus en raison de la grève ou pour non-conformité avec l’obligation vaccinale. Avec peu de personnel, les patients sont laissés-pour-compte. Le personnel, qui enchaîne jusqu’à 12 heures par jour est épuisé, se met en arrêt, est remplacé par des contractuels, mais en quantité insuffisante pour assurer des soins de qualité.
Quelles sont vos priorités en tant que nouveau Secrétaire général de l’UTS-UGTG ?
Résoudre, avant la rentrée, le conflit de l’obligation vaccinale. Ensuite, nous avons des échéances avec les élections professionnelles dans le public et dans le privé. Nous sortons d’une mandature où nous sommes majoritaires dans quasiment tous les secteurs : nous devons maintenir notre représentativité.
L’UTS-UGTG tenait son 12e congrès à Lamentin, le 8 juillet. Qu’attendent vos adhérents ?
Tant dans le public que dans le privé, ils sont malmenés par leur employeur qui profitent de cette mobilisation pour écarter les adhérents, ne pas réunir les instances… Il y a beaucoup d’entraves à l’action syndicale dans les entreprises. Les salariés se sentent délaissés parce que, dans ce contexte, nous ne pouvons pas mener les NAO qui permettent d’obtenir des avancées au niveau social, de maintenir les acquis… Le combat contre l’obligation vaccinale mobilise beaucoup d’énergie depuis un an. Les adhérents nous demandent de réorganiser les secteurs pour préparer des équipes motivées et prêtent à défendre leurs acquis, relancer les négociations collectives… pour rétablir le rapport de force.
La parole syndicale n’est-elle pas affaiblie par ce conflit ?
Non, parce qu’il n’y a pas que l’aspect syndical en jeu avec ce conflit sur l’obligation vaccinale. Notre mobilisation a surtout pour objectif de faire respecter la liberté de chacun, la liberté d’une population, la dignité humaine. Il est vrai que beaucoup de militants sont marqués par ce conflit qui a impacté la vie familiale. Après 9 à 10 mois sans salaire, il faut faire face aux charges, et pour certains, aux frais d’études de leurs enfants… Ce conflit est d’une violence incroyable. Mais, grâce à la grande solidarité des Guadeloupéens, des entreprises…, nous maintenons notre mobilisation.
Entretien : Cécilia Larney