Politique. « La dissolution est une arme à double-tranchant : quelle est l’étape suivante si les électeurs confirment le sens de leur vote ? »

Olivier Nicolas est secrétaire national aux Outre-mer, Premier secrétaire du PS en Guadeloupe. Il a redonné toute sa noblesse et son sens stratégique à cette fonction délicate dans des moments où le PS n’est pas au mieux. Au travers de la NUPES, il a relancé une machine qu’on croyait grippée. Interview.

Jean-Luc Mélenchon est-il devenu un fardeau pour la Nupes ?
Il est la principale locomotive de notre alliance et sa figure la plus médiatique. Il n’est pas élu à l’Assemblée, mais il joue son rôle de leader avec la faconde qu’on lui connaît, qui peut plaire ou déplaire mais ne laisse jamais indifférent.

Sur la question du groupe unique, il dit bien qu’il a fait cette proposition pour contrecarrer les manœuvres de l’ex-majorité macroniste d’empêcher à une ou un député NUPES d’accéder à la présidence de la commission des finances. Sa préoccupation à ce sujet est légitime.

Nous pensons collectivement, avec les trois autres partenaires de l’alliance, qu’un groupe unique n’est pas nécessaire pour cela. Il aurait été préférable que cette idée soit débattue au sein de la NUPES avant d’être rendue publique mais, très franchement, nous sommes déjà passés à autre chose.

Que va-t-il se passer pour l’élection à la présidence de la commission des finances ?
Les choses sont simples. La Constitution prévoit que cette fonction revienne au groupe le plus important de l’opposition au terme d’un vote et il est d’usage que le groupe qui a une majorité absolue ou relative ne participe pas à ce vote. Cette non participation au vote est d’ailleurs logique car, s’il y participe, autant lui demander de désigner cette présidence. Ce n’est ni l’esprit, ni la lettre de la Constitution.

Nous, nous disons qu’il faut organiser un vote. Nous y présenterons un candidat unique de la NUPES et vous verrez bien qu’il sera élu parce que la NUPES est arithmétiquement la principale force politique d’opposition au sein de cette nouvelle Assemblée.

Je rappelle en outre, à toutes fins utiles qu’au second tour, la NUPES a recueilli au niveau national 6,5 millions de voix. Le Rassemblement national en a recueilli 3,5 millions.

Que peut faire le chef de l’Etat ?
Il appartient au président de la République de prendre une initiative. C’est de sa responsabilité. Mais, tout le monde voit bien que sa conception du pouvoir et sa manière de l’exercer ne sont pas adaptées à la situation d’aujourd’hui. Les cinq dernières années ont surtout consisté à répondre « cause toujours » à tous ceux qui avaient une vision et des propositions différentes.

Abrité derrière sa pléthorique majorité parlementaire élue en 2017, Emmanuel Macron, dans sa présidence jupiterienne, a peu écouté. Il a fracturé le pays comme jamais en accentuant les divisions entre les citoyens et en marginalisant les corps intermédiaires.

Alors, forcément, quand la situation exige de retisser du lien, de l’écoute, de se montrer ouvert, de se montrer plus horizontal que vertical, et de rechercher des consensus républicains, il est permis de se demander si le président de la République et ceux qui l’entourent seront en mesure d’impulser une autre approche, de suivre un autre cap et surtout de dire lequel.

Parce que le plus fort dans la situation du moment, c’est qu’à part deux ou trois mesures comme la retraite à 65 ans ou l’obligation de travail pour les bénéficiaires du RSA, qui connaît le programme du chef de l’Etat pour son second quinquennat ?

Une dissolution est-elle inéluctable ?
Il est certain qu’une situation durable de blocage, dans laquelle chaque texte est adopté au forceps avec des rafales de concession, reviendra à acter que le pays est difficilement gouvernable avec une telle configuration à l’Assemblée nationale. Une dissolution peut être à terme une manière d’en sortir. Mais, c’est aussi une arme à double-tranchant : quelle est l’étape suivante si les électeurs confirment le sens de leur vote ?

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