Martinique. Camille Chauvet, historien, journaliste, homme politique, est mort

 La Martinique est en deuil depuis ce mardi 14 juin de l’un de ses plus brillants enfants, jouissant de l’amour de ses pairs, de ses frères, et de toute une population.

Camille Chauvet, mort à l’âge de 73 ans, aura marqué d’une empreinte indélébile, l’histoire du Parti Progressiste Martiniquais (PPM) et plus largement de la Martinique, avec une fougue, une répartie, un sens de l’humour et du discours hors du commun. Ses frasques, ses vagues, ses polémiques, tout cela constitue des éléments, des moments, incontournables de sa carrière d’historien, de journaliste ou d’homme politique. 

Les plus belles pages du journalisme militant 

Celui qui avait acquis le titre de « militant de l’information » est parti sur la pointe des pieds, un peu loin de ses habitudes, sans faire de vagues. Camille Chauvet aura dirigé pendant plus de 20 ans le journal Le Naïf qui aura fait les heures glorieuses de la presse martiniquaise. On lui reconnaît sa plume incisive, entre toutes. Il faut aussi signaler que l’aventure avait débuté pour Camille Chauvet et quelques autres au journal Antilla, autre pan de la pensée martiniquaise des années 80, mais là, plus ancré vers la droite et dirigé par un certain Tony Delsham, alors écrivain en devenir, et avec des noms comme Edouard Glissant, Patrick Chamoiseau ou encore Raphaël Confiant pour ne citer que les plus connus.

Les uns comme les autres ont largement construit les plus belles pages du journalisme militant de la Martinique des 50 dernières années. Ils ont largement contribué à l’élaboration de la pensée nouvelle, de l’émergence d’un nouveau sens du monde, d’un nouvel ancrage aussi. Camille Chauvet, à l’instar de ses pairs, savait choquer, outrancièrement même. Il était passé maître en la matière et il ne fallait pas toujours s’y frotter.

Camille Chauvet était docteur en histoire et professeur d’histoire à Fort-de-France. 

Rodolf Etienne

Un parcours politique élogieux 

Sur le plan politique, Camille Chauvet a aussi laissé des traces… et des vagues. En 1994, il se présente aux cantonales à Fort-de-France sous l’étiquette Divers gauche, avec une forte tendance vers le Parti Progressiste Martiniquais (PPM). En 2010, il est élu conseiller régional avec le Parti Progressiste Martiniquais (PPM) et devient président de la commission Schéma d’Aménagement Régional (SAR).

Camille Chauvet laisse là encore un tracé sinueux. On se rappelle la véhémence avec laquelle il avait attaqué verbalement Corinne Mencé-Caster pour sa prise de position dans l’affaire du Centre d’Étude et de Recherche en Économie, Gestion, Modélisation et Informatique Appliquée (CEREGMIA), dont les dirigeants avaient été mis en examen pour détournements de fonds publics à l’Université. C’était en 2015 et en 2017 Camille Chauvet était condamné par les tribunaux pour diffamation et injures publiques envers Corine Mencé-Caster, alors ancienne présidente de l’Université des Antilles.

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