Opinion. Conflit Russie-Ukraine : « Ouvrons des corridors alimentaires pour éviter les émeutes »

Emmanuel Argo.

Membre du réseau Africa Mundus, ancien membre du conseil du Civil G8 pour le Sommet de Saint-Pétersbourg de 2006, Emmanuel Argo réclame l’ouverture de corridors pour l’acheminement alimentaire afin de prévenir les émeutes dans certaines régions de l’Africa Mundus.

A l’heure où le conflit russo-ukrainien risque d’entraîner des pénuries alimentaires parce que la Russie et l’Ukraine exportent dans le monde leurs productions agricoles et dérivés, des représentants des pays de l’Africa Mundus prennent la parole. Cette initiative qui relève de la NégroÉvolution contrebalance les clichés permanents d’assistance, de dépendance et de soumission attribués systématiquement aux individus dont la couleur de la peau rappelle le passé esclavagiste. Car la NégroÉvolution plaide l’audace, l’estime de soi et l’esprit d’initiative.

« Les ressortissants de l’Africa Mundus participent à la marche du monde. »

Dès le début des hostilités, la neutralité affichée à l’ONU quant à la position des pays de l’Union Africaine concernant le conflit européen de l’Est, traduit un refus de suivisme systématique pouvant être considéré comme une forme de NégroÉvolution qui constitue en soi une volonté d’indépendance.

Désormais, qu’ils soient originaires de l’Afrique continentale ou extracontinentale, les ressortissants de l’Africa Mundus participent à la marche du monde tant sur le plan intellectuel que sur le plan matériel, et cette reconnaissance doit entraîner parité et partenariat et donc des relations contractuelles et pragmatiques, d’autant que l’économie mondiale, globalisée, a besoin des richesses minières et autres ressources naturelles du sous-sol africain.

Notons que le Mali ou le Burkina Faso s’émancipent actuellement de l’influence et de l’ingérence de l’Occident, et mettent en rivalité leurs partenaires putatifs au mieux de leurs intérêts.

Quelles conséquences ?

Depuis 4 mois, les feux de l’actualité mondiale sont braqués sur l’Ukraine et la Russie. Examinons les conséquences de ce conflit dans la sphère de l’Africa Mundus.

Nous entrons dans une période où l’instabilité et le manque de visibilité dans quelque zone géographique que ce soit, peuvent à tout moment entraîner l’aggravation de conflits latents, du fait d’une très grande interdépendance économique. Souvenons-nous qu’en 2008, la flambée des prix des aliments de base avait fait la Une des médias internationaux et nationaux avec leurs cortèges d’émeutes, de déstabilisation voire de renversements de gouvernements sous différentes latitudes.

Le risque d’une crise alimentaire

Depuis des années, au titre de la société civile, je porte des recommandations relatives à la stabilisation des cours des céréales (blé, maïs, millet, riz, sorgho) de base entrant dans l’alimentation des plus démunis dans les régions les plus défavorisées et les plus pauvres de la planète.

La première voix officielle espérée indépendante et de raison ne viendrait-elle pas d’un pays des Afriques. Le Kenya a réclamé que les Afriques soient associées à la recherche de solutions portant sur le désordre mondial du commerce risquant d’entraîner une crise alimentaire.

Cette initiative est également évoquée au parlement sud-africain par un de ses membres : Ahmed Munzoor Shaik Emam. Son intervention est appréciée notamment par des Afro-descendants de la sixième région. Aujourd’hui, le Président de l’Union Africaine Maki Sall, envisage de rencontrer dans l’Est Européen les deux parties concernées. Il doit-être vivement salué et soutenu. Sans conteste, après les décolonisations, cette initiative donne le ton d’une Afrique qui s’émancipe à nouveau.En s’invitant dans « la cour des grands », privilège réservé à une poignée de pays de la planète, notons que cette renaissance relève du principe de la NégroÉvolution.

Une urgence…

Eu égard à la dimension géostratégique de la crise alimentaire qui nous menace tous, il est vivement souhaitable, y compris dans le cadre d’une diplomatie non-gouvernementale, que les six régions de l’Africa Mundus fassent chorus.

C’est pourquoi, avec d’autres ressortissants de la sphère Africa Mundus sans exclusive, nous appelons à mettre en place des corridors permettant la circulation de convois alimentaires de première nécessité au départ de la Russie ou de l’Ukraine, et à destination du continent africain sans oublier les populations de la sixième région situées dans l’hémisphère sud comme en Amérique latine, sur le plateau des Guyanes, dans les Caraïbes. Celles de l’Océan Indien ne sont pas exclues…

Il est urgent de savoir qui des deux dirigeants en conflit décidera la mise en place de ces corridors d’avitaillement alimentaire pour répondre notamment aux besoins et aux préoccupations de l’ensemble des ressortissants de la sphère Africa Mundus.

Emmanuel Argo

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