Une semaine faste pour la Police Nationale d’haiti. Le chef du gang 400 Mawozo, Germine Joly, alias “Yonyon”, a été extradé vers les États-Unis mardi 3 mai.
C’est la Police nationale d’Haïti qui en fait l’annonce sur les réseaux sociaux un peu tardivement pour éviter les fuites, sans doute.
Selon la PNH, son extradition à bord d’un avion spécial (FBI) fait suite à une demande d’entraide judiciaire produite par les autorités judiciaires américaines le 22 avril 2022.
« Il est poursuivi via un mandat international émis par le tribunal du district des USA pour le District de Columbia pour les chefs d’accusation suivants : complot et violation de la loi américaine sur la réforme du contrôle des exportations et contrebande à partir des États-Unis; importation d’armes de guerre ; enlèvement suivi de séquestration contre rançon de citoyens américains », précise la note de la police.
La PNH a également rappelé que le prévenu est le numéro un de l’organisation criminelle dénommée “400 Mawozo”. Ce gang est impliqué dans plusieurs actes criminels, dont assassinat, enlèvement, vol de véhicules, destruction de biens privés, incendie, etc.
Cette bande armée avait notamment enlevé 17 missionnaires américains, des religieux français et haïtiens et récemment un attaché agricole de l’ambassade de la République dominicaine en Haïti. Ce dernier est encore entre les mains des ravisseurs.
L’extradition de Germine Joly, alias “Yonyon”, intervient dans un contexte d’affrontements entre gangs rivaux dans plusieurs quartiers de Croix-des-Bouquets, Tabarre et Cité Soleil. Des milliers de personnes ont dû se déplacer alors que d’autres sont assiégées, ce qui provoque une crise humanitaire dans cette partie de la région métropolitaine.
Si aucun bilan officiel et exhaustif n’est encore établi, des témoins rapportent que plusieurs dizaines de personnes ont été tuées.
Le Miami Herald, citant une source, a indiqué que Yonyon était envoyé à Washington, D.C.
Jusqu’à son transfert mardi, ce chef de gang était détenu à la prison civile de Port-au-Prince. De là étant, il a dirigé le gang 400 Mawozo à l’aide de son téléphone portable et a négocié la libération d’otages tout en essayant de négocier sa propre liberté.
Le 16 octobre 2021, des membres du gang 400 Mawozo dirigé par Germine Joly alias “Yonyon” ont enlevé 17 missionnaires dont 16 américains et un canadien. Alors que les missionnaires étaient retenus en otage, des agents fédéraux ont arrêté trois résidents de Floride accusés d’avoir introduit clandestinement des armes à feu dans des barils depuis le sud de la Floride jusqu’au gang 400 Mawozo.
Selon la plainte déposée fin octobre, Eliande Tunis, Jocelyn Dor et Walder St. Louis ont passé des commandes d’armes telles que des AK-47 et des AR-15 pour deux dirigeants anonymes de 400 Mawozo. Tunis est un citoyen américain, tandis que Dor et St. Louis sont des ressortissants haïtiens. Les procureurs affirment que Tunis vivait en Floride et « est un membre de 400 Mawozo. »
La plainte indique que le 9 octobre, Tunis a envoyé un fichier audio au « co-conspirateur 1 sur WhatsApp en créole disant « Nous sommes des serpents. Nous nous faufilons pour arriver là où nous allons. Ils seraient choqués de voir Mawozo envahir Miami ». »
La plainte pénale déposée par le FBI à l’encontre des trois accusés n’identifie pas Joly par son nom, mais indique que le co-conspirateur 1 « est un ressortissant haïtien et un dirigeant de 400 Mawozo » qui est « incarcéré, mais reste un dirigeant de l’organisation et dirige les opérations depuis la prison en utilisant un téléphone portable non surveillé. » On pense que cet individu est Germine Joly.
La plainte parle également d’un autre individu, mais sans le nommer. Il est décrit comme servant de leader et apparaissant sur « des vidéos postées sur les médias sociaux, il a indiqué son nom et s’est déclaré comme le leader de 400 Mawozo ». Cet individu serait « Lanmò Sanjou ».
Le gang 400 Mawozo serait à l’origine du récent enlèvement d’un diplomate dominicain et citoyen américain, Carlos Guillén Tatis, qui a disparu vendredi alors qu’il traversait le bastion du gang à Croix-des-Bouquets pour se rendre à la frontière. Des sources au fait des activités de Joly ont déclaré qu’une grande partie de l’argent des rançons collectées par son gang lui revenait directement, qu’il utilisait à son tour pour acheter des armes et garder des policiers et des avocats sur sa liste de paie.
Après l’arrestation des trois Floridiens, il s’est montré de plus en plus inquiet quant à son éventuelle extradition, ont déclaré des sources au Miami Herald. Le conflit armé en cours a peut-être accéléré l’extradition de Joly. Pendant des semaines, des rumeurs ont circulé sur un projet d’évasion de prison impliquant le pénitencier national, et l’on craignait que Joly ne connaisse le même sort qu’Arnel Joseph, un autre chef de gang notoire que le FBI avait pris pour cible. Arnel Joseph a été abattu par la police en février dernier alors qu’il circulait à moto dans la ville de L’Estère après une évasion meurtrière de la prison civile de Croix-des-Bouquets.
Source : Le Nouvelliste avec le Miami Herald.