Opinion. Cette réélection sans gloire appelle une autre politique, en particulier Outre-mer

PAR OLIVIER NICOLAS*

La réélection sans gloire d’Emmanuel Macron appelle une autre majorité parlementaire
pour une autre politique, en particulier dans les Outre-mer.

Les socialistes de Guadeloupe ont pris acte de la réélection sans gloire ni élan, ce dimanche, de Monsieur Emmanuel Macron à la présidence de la République et lui adressent des félicitations républicaines.

Mais, si le Front républicain contre l’extrême-droite — auquel ont notamment appelé dès le 10 avril le parti socialiste, les écologistes et les communistes — a malgré tout tenu bon au niveau national, ce n’est pas le cas dans les Outre-mer où les résultats du second tour, singulièrement en Guadeloupe, sont l’expression d’un puissant vote sanction contre le bilan d’Emmanuel Macron et de ses gouvernements, contre leurs méthodes verticales et brutales et contre la politique me- née dans nos territoires. Un bilan qui, d’ailleurs, aura été très peu et fort mal défendu par les soutiens locaux du président sortant.

Comme ils l’avaient fait avec le bulletin Jean-Luc Mélenchon, arrivé largement en tête au 1er tour, les électrices et les électeurs ont donc fait le choix d’utiliser massivement le bulletin Marine Le Pen au second tour pour exprimer leur colère après un quinquennat qui n’aura pas tenu ses promesses et qui n’aura apporté aucune réponse concrète aux difficultés de nos territoires : la défaillance des services publics (eau, assainissement, transports, déchets, santé, école), la vie chère, le départ sans retour de beaucoup de nos jeunes, la pauvreté, le chômage de masse, l’insécurité ou les retards de développement.

En Guadeloupe, même si le niveau historique atteint par l’extrême-droite ne peut que faire mal à tous les républicains et aux humanistes, il ne saurait être pourtant le reflet d’une pleine adhésion à la candidate Le Pen, à ses thèses, ou à son programme qui, au 1er tour — rappelons-le — avait recueilli 17% des voix, loin derrière Jean-Luc Mélenchon. De même, les consignes de ce dernier — « pas une seule voix pour Madame Le Pen » — n’ont manifestement pas été suivies par des électrices et des électeurs à l’évidence déterminés à pousser, quoi qu’il en coûte, un cri électoral contre une forme d’impuissance publique qui dure depuis trop longtemps et les désespère de voir leur condition s’améliorer.

Cette colère doit être entendue par l’ensemble
des forces politiques de nos territoires

On aurait en effet bien tort de croire que cette colère citoyenne ne vise que le président de la République et l’Etat. Car, l’échelon local est également mis en cause pour l’inefficacité d’un trop grand nombre de politiques publiques qui sont de sa compétence. Et si l’on peut admettre que cette défiance concerne toutes celles et tous ceux qui exercent ou qui ont exercé des responsabilités ces dernières années, elle vise aujourd’hui, d’abord et en premier lieu, celles et ceux qui ont soutenu Emmanuel Macron dès 2017, qui ont approuvé sa politique dans nos territoires pendant 5 ans et qui souhaitent qu’il la poursuive dans les 5 années à venir.

Aussi, pour sortir de l’impasse et de l’impuissance, nous, socialistes, dont les parlementaires se sont opposés avec force durant tout le dernier quinquennat aux régressions sociales proposées par les gouvernements Philippe et Castex, nous nous tournons résolument dès aujourd’hui vers les élections législatives de juin prochain. Il s’agit de bâtir une majorité parlementaire pour imposer au chef de l’Etat une autre politique.

Cette alternative, seules les forces de gauche rassemblées apparaissent en mesure de l’incarner. Il nous revient donc collectivement, dès cette semaine qui s’ouvre, de créer les conditions de ce rassemblement autour d’une plateforme de propositions communes répondant de manière concrète et réaliste aux colères et aux attentes citoyennes.

*Premier secrétaire fédéral
Secrétaire national aux Outre-mer

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