Connaissez-vous Cohérence ? C’est une opération menée par l’Etablissement Public Foncier (EPF), que dirige Corinne Vingataramin. C’est une opération menée à Pointe-à-Pitre.
Le travail en cours est important. Il s’agit, au lieu d’avoir dans les villes des bâtiments qui tombent en ruines, qui forment ces fameuses dents creuses, d’avoir donc des nouveaux espaces de vie. Ceci concerne surtout Pointe-à-Pitre en ce moment. Mais d’autres communes avec bourg sont concernées.
Construire une nouvelle ville, ambition portée par Harry Durimel alors candidat à la mairie pointoise. Ambition qu’il peut satisfaire désormais qu’il est maire de Pointe-à-Pitre, de plus bien entouré d’adjoints et de conseillers déterminés.
Un soir de la semaine passée, rue Schœlcher, au rez-de-chaussée du numéro 3, il y avait de la lumière, un couloir large de 5 mètres, long d’une quinzaine de mètres, des chambranles sans portes… une table, des chaises, un écran et Sylvie Adelaïde, directrice de cabinet du maire pointois, accompagnée de Corinne Vingataramin et Sabine Lindor, d’EPF, Olivier Bottino, de LTC, Dominique Joly, directeur général de la SP-HLM.
Tous les acteurs de la soirée étaient là. Dans la salle, sur les chaises, une dizaine de riverains directement intéressés par la conférence.
De quoi s’agissait-il ? De démolir des immeubles, de reconstruire du neuf à leur place.
Des immeubles rachetés entre 2017 et 2021, soit un bâtiment qui abritait les Chantiers Viviès, une maison appartenant à la famille Singarin. Une autre maison encore propriété, avant le rachat, de la famille Victorius. Sabine Lindor, d’EPF, a expliqué le processus et dit que ces rachats de parcelles se font dans les communes adhérentes. Dès qu’il y a des sous, les parcelles sont achetées. ce qui peut prendre du temps, mais la volonté est là.
Olivier Bottino, de LTC, suivra les travaux qui vont commencer cette semaine. Il a détaillé les différentes étapes : prise de possession des bâtiments, expertise, désamiantage — il y a plein d’amiante dans ces vieux bâtiments ! — puis déconstruction — selon sa formule on « déshabille le bâtiment » en enlevant les portes, les fenêtres, les cloisons qui ne sont pas en dur, etc. Etape suivante, la préparation à la démolition. Sensible. Il faut en effet vérifier que la démolition ne va pas impacter la structure des bâtiments voisins. Des bâtiments souvent collés les uns contre les autres, sans toujours de zone tampon en matériau souple.
Oui, Pointe-à-Pitre ce sont des bâtiments construits au fil des siècles, en bois, en blocs de tuff (calcaire), en blocs de roches volcaniques, en parpaings, etc. Tout ceci a travaillé au fil des siècles… de l’usure, des tremblements de terre, la pluie, le vent, le soleil, etc. En fait, quand on fait tomber un vieil immeuble… il y a des précautions à prendre.
Ces travaux ont été confiés, comme la démolition elle-même — avec une sorte de grue munie d’une mâchoire qui va arracher des morceaux de cloisons —, à TP Janky. « Ce sont des spécialistes, ils font ça très bien ! » Satisfecit donné par Olivier Bottino, l’homme de l’art.
Des doigts se lèvent. On parle nuisances. Classique : des travaux dans ta rue, c’est jamais neutre. Une commerçante se plaint par anticipation de la poussière qui va se déposer sur ses vieux meubles (c’est une antiquaire). « Pas plus que la poussière soulevée par une voiture qui passe dans la rue », lance M. Bottino qui garantirait presque… Et se reprend. Certes, il y aura quelques nuisances, mais tout sera fait pour les limiter : une machine va pulvériser un fin rideau d’eau pour attraper la poussière et la plaquer au sol.
Des places de parking en moins dans une zone saturée ? Seule la portion de rue sur laquelle va se déployer le chantier sera interdite. D’un seul côté de la rue qui ne sera pas fermée à la circulation. Sauf le temps que la grue à mâchoire attaque l’angle du bâtiment. En quelques jours elle opèrera depuis l’intérieur du bâtiment, donc plus de gêne pour la circulation. Trois mois de chantier, c’est pas la mer à boire !
Le résultat, un espace totalement plat (on ne creusera pas pour éviter de trouver la mer… jamais bien loin dans les sous-sols pointois. Il y a d’ailleurs un espace sous l’immeuble Viviès qui risque de provoquer quelques maux de têtes… mais les techniciens du bâtiment savent faire.
Olivier Bottino le dit : « Dans trois mois, ce sera fini, il y aura une dalle sur laquelle des travaux de construction pourront commencer. »
Retenez bien ces mots : vert foncier. C’est Corinne Vingataramin, directrice de l’Etablissement Public Foncier, qui les prononce. Elle en est fière à juste titre. Car, on ne se contente pas de démolir pour reconstruire. Non, les constructions sont ainsi faites qu’elle incluent un jardin, un parc paysagé. Bref, ce sera agréable de vivre dans les prochaines constructions.
Parole est donnée à Dominique Joly, directeur général de la SP-HLM. C’est cette société qui va faire construire un immeuble par la GTM (qui a présenté un projet, montré sur écran mais qui n’est pas encore totalement approuvé), bâtiment dont les lots — 27 logements de 70m2 — seront autour d’une cour où il y aura 16 places de parking. Au rez-de-chaussée il y aura des lots pour installer des commerces, à partir de 60m2. « La façade, originale, en H, avec un lettrage doré rappelant qu’il y a eu là les Chantiers Viviès, sera reconstruire à l »identique », promet-on.
Côté quai de Lesseps, le bâtiment comprendra cinq niveaux, côté Schœlcher, trois étages. Le tout sera composé de cellules photovoltaïques qui alimenteront l’immeuble. Vert foncier…