La centrale de Bouillante (Guadeloupe) a déjà une longue histoire qui a débuté dans les années 1960 par la réalisation de sondages et des forages d’exploration sous l’égide du BRGM. Quatre forages profonds ont suivi dans les années 1970, réalisés par la société Eurafrep. Un seul d’entre eux, de plus de 300 m de profondeur, a permis une extraction de fluide géothermal en quantité et qualité suffisante pour alimenter une turbine.
C’est sur cette base qu’une unité de production d’une capacité de 5 MW a été décidée en 1984 : l’unité de production Bouillante 1.
Mise en service en 1986, après quelques déboires liés à la nouveauté du protocole — notamment en 1993, ce qui a amené EDF à se désengager, le BRGM prenant la main avant de la passer à la société israélo-américaine Ormat* (85% du capital depuis 2018) —, la centrale produit avec Bouillante 2 un peu moins de 15 MW d’électricité qui est revendue à EDF.
« 53 millions d’euros sont en cours d’investissement pour une nouvelle unité qui doit produire 10 à 11 MW supplémentaires », explique François Joubert, directeur de la centrale géothermique de Bouillante, seule centrale géothermique en activité de France
Les seuls forages, qui vont être effectués prochainement coûteront 10 millions d’euros.
« La mise en production devrait intervenir, si nous ne rencontrons pas de difficultés, début 2024 », affirme François Joubert. La centrale géothermique comprend deux unités : une en service depuis les débuts de la centrale, en 1986, l’autre depuis 2005.
Curieusement, alors que des voix s’élèvent depuis 2016 et la revente de la centrale par le Bureau de Recherche géologiques et minières (BRGM) qui en était propriétaire et dont ce n’était pas la vocation de gérer cette entreprise, auparavant, personne en Guadeloupe ne s’intéressait à cette centrale qui est, rappelons-le, la première et la seule de France, un modèle qu’on copie depuis dans le monde entier.
Certains élus, prompts à réagir pour soutenir des projets parfois fantaisistes ou sans avenir n’ont curieusement pas bougé alors qu’il fallait… pour une fois réellement soutenir l’économie avec un rendement tangible et immédiat : la vente de l’électricité à EDF.
De l’argent public qui, pour une fois, aurait servi d’une part à soutenir un outil industriel local — à part l’encadrement de direction de haute technicité — mais tout s’apprend et il doit bien y avoir quelque part dans le monde des ingénieurs guadeloupéens qui ne demandent qu’à revenir au pays — , tous les agents sont Guadeloupéens — et qui rapporte des dividendes annuels, ç’aurait été nouveau en Guadeloupe !
Des observateurs au fait du sujet ont commenté au sujet de la belle affaire qu’ont raté les élus qui pouvaient intervenir : « C’est une belle unité industrielle qui rapporte. Si ça ne rapportait pas, ils (ORMAT les propriétaires) n’investiraient pas pour agrandir. » Super ! Tant mieux !
Visite guidée avec Caraïbes Factory
Il est possible de visiter ce fleuron de l’industrie mondiale avec Caraïbes Factory : la 1ère
structure spécialisée dans le tourisme industriel et le tourisme d’affaire en Guadeloupe et dans la Caraïbe.
Ce jour-là, Sylvia Phibel-Puissant, gérante de Caraïbes Factory, est le guide d’un petit groupe de professionnels de la communication.
Visite guidée passionnante, d’un forage à l’autre, d’une unité l’autre, celle des origines, puis celle mise en service récemment. Les explications sont fluides, la guide répond à toutes les questions avec compétence.
« Elle connaît mieux l’usine que moi », lance le directeur de la centrale, François Joubert.
François Joubert, directeur de la centrale géothermique de Bouillante :
La visite de la centrale géothermique passe par l’ancienne unité, au passage le visiteur peut admirer le petit trépan des premiers forages, exposé dans la cour.
L’unité 2, active, produit 11 MW bruts (sur 15 MW).
La visite se poursuit par des explications techniques.
La turbine colossale qui produit de l’électricité pour EDF :
La géothermie à Bouillante représente une production électrique délivrée en 2008 sur le réseau EDF de 89,3 GWh (95 GWh en 2007) – soit 7 700 TEP (tonnes d’équivalent pétrole) ou l’équivalent de la consommation annuelle de 20 000 foyers guadeloupéens – soit une part d’environ 5 % de la production électrique de la Guadeloupe en 2016
L’eau à très haute température (250°) qui a servi à faire tourner la turbine et produire de l’électricité, est mélangée à de l’eau de mer pour refroidir aux alentours de 40° avant d’être rejetée en mer, dans la baie de Bouillante.
Les prélèvements sont effectués régulièrement pour constater que l’impact sur la faune et la flore marine est neutre.
L’eau à très haute température (250°) qui a servi à faire tourner la turbine et produire de l’électricité, est mélangée à de l’eau de mer pour refroidir aux alentours de 40° avant d’être rejetée en mer, dans la baie de Bouillante.
Les prélèvements sont effectués régulièrement pour constater que l’impact sur la faune et la flore marine est neutre.
- Ormat prend la direction de GB en détenant tout d’abord 80 %, puis 85 % des parts au bout de deux ans, grâce au rachat des parts d’EDF et à une augmentation du capital. Ormat est un des leaders mondiaux du secteur, qui fournit de l’énergie géothermique dans 23 pays. À l’horizon 2023, la puissance installée est appelée à tripler avec 45 MW