D’ici la fin du mois d’avril, la Région Guadeloupe sera officiellement actionnaire de l’usine aux côtés de la Sicama et de la Cofepp. Ce vendredi 1er avril, à l’usine de Grande-Anse, à Grand-Bourg, le président de Région, Ary Chalus et son équipe ont pu visiter les locaux, alors qu’un conflit avec les opérateurs de coupe se réglait en coulisses.
Après 4 millions d’euros engagés sur les réparations de la chaudière, 200 000 euros sur la supervision, l’usine de Grande-Anse n’attend que les cannes. Or, ce vendredi, il n’y avait pas grand monde au portillon de la pesée. Les 375 tonnes de cannes arrivées la veille, jour de début de campagne, faisaient bien maigre.
Martyr Nagau, président de la Sucrerie et rhumerie de Marie-Galante (SRMG) :
Vendredi matin, avant 9 heures, seulement deux camions avaient fait le voyage. C’est dans cette ambiance que le président de Région, Ary Chalus et les cadres de son cabinet ainsi que plusieurs élus, ont fait le déplacement. Car, pour la Région Guadeloupe, l’usine de Grande-Anse est un outil industriel sur lequel il faut parier : la collectivité régionale s’apprête même à rentrer au capital.
Ary Chalus :
Une situation chaude à gérer
Les opérateurs de cannes agréés, la Cuma le Progrès en tête, revendiquent leur statut de victimes dans la campagne de 2021. Ils avancent près de 400 000 euros de perte de chiffre d’affaires et réclament des indemnisations. Leur demande étant restée lettre morte depuis plusieurs mois, cette situation a fait tache d’huile sur le lancement de la campagne 2022.
Alors, entre deux déclarations officielles sur les réparations effectuées sur la chaudière, les opérateurs de coupe ont pu rencontrer les équipes du président de Région ainsi que la direction de l’usine afin d’avancer sur le sujet.
Résultat : à la fin de la visite, les opérateurs annoncent qu’ils commenceront la campagne mercredi 6 avril.
« Le gros problème se posait sur le gasoil non routier, explique Fabien Abisur, président de la Cuma le Progrès. L’usine a proposé de nous avancer du gasoil qu’elle va récupérer sur les quatorzaines à payer. Nous ferons le démarrage de la campagne, mais l’indemnisation des opérateurs n’est pas réglée et n’est même pas en discussion. On va commencer le 6 avril pour montrer notre bonne foi. »
Stéphanie Sérac
La Région, instigatrice du sauvetage de l’usine ?
Jean-Claude Cantorné, vice-président de la Cofepp, actionnaire majoritaire de la Sucrerie-Rhumerie de Marie-Galante, n’hésite pas à lâcher : « Sans la conviction du président de Région et de ses équipes, on [l’usine, ndlr] ne serait pas repartis ».
Jean-Claude Cantorné, de la COFEPP :
« Pa ni éleksyon », confie Ary Chalus afin de ne pas conditionner ses actions à des visées électoralistes. Oui mais, ses résultats à Marie-Galante lors des dernières élections régionales (73% à Capesterre) et même depuis 2015 semblent conforter le président de Région dans le fait de ne pas s’aliéner le soutien de la population de cette île agricole.