Après les deux premières thrombectomies réalisées au CHU de Guadeloupe, en collaboration avec la Société française de neuroradiologie, une formation est en cours pour que l’archipel dispose de médecins habilités à pratiquer cette intervention de haute volée.
La thrombectomie est une opération très délicate pratiquée en urgence sur les patients victimes d’un AVC ischémique, quand l’artère, obstruée par un caillot, empêche la bonne irrigation du cerveau.
L’intervention du neuroradiologue consiste à aspirer le caillot qui bloque le vaisseau sanguin dans le cerveau. Un geste vital qui nécessite une haute expertise.
« La qualité des techniques d’imagerie permettent de faire des interventions mini-invasives avec un petit abord cutané avec anesthésie générale en fonction du geste pour procéder à une intervention peu agressive à l’intérieur du corps en étant guidé par l’imagerie », précise le Dr Eddy-Laurent Glaude, chef du service radiologie au CHU de Guadeloupe.
Rapidité et dextérité
Faute de praticien expérimenté sur place, les patients du CHU de Guadeloupe, candidats à la thrombectomie, étaient héliportés vers la Martinique pour subir cette intervention de neuroradiologie interventionnelle. Une opération qui nécessite d’être réalisée dans les meilleurs délais. Or, entre le temps du trajet, la disponibilité de l’hélicoptère, la météo et d’autres aléas, les pertes de chance pour le patient étaient réelles.
« En médecine, la thrombectomie est l’une des rares interventions qui doit être réalisée vite et bien, commente le Professeur Romain Bourcier, neuroradiologue du CHU de Nantes, en mission au CHU de Guadeloupe. On perd un nombre incalculable de neurones par minute où le cerveau n’est pas irrigué. Toutes les 30 minutes à partir du début de l’AVC, c’est une augmentation de 15 % du risque d’avoir un handicap. »
Sans une intervention rapide et réussie pour retirer le caillot, le patient peut rester paralysé à vie, être aphasique ou mourir.
Une chaîne de compétences autour du patient
La thrombectomie mobilise en amont et en aval une chaîne de compétences pour une prise en charge et un diagnostic rapides, suivies d’une intervention dans les meilleures conditions : sapeurs-pompiers, Samu, neurologues, radiologues, anesthésistes, neuroradiologue. … L’opération peut durer entre 30 minutes et deux heures. Dans les trois mois après la thrombectomie, ergothérapeutes, rééducateurs… permettent au patient de récupérer une autonomie complète.
Former des praticiens locaux
« Ce projet de développement de la thrombectomie mécanique au CHU de la Guadeloupe répond à des enjeux de santé publique, souligne le Dr Glaude, chef du service radiologie au CHU de Guadeloupe. Ce projet doit aboutir à la formation de praticiens compétents et expérimentés en Guadeloupe. »
En Guadeloupe jusqu’à la fin du mois de mai, le Professeur Bourcier a réalisé les deux premières thrombectomie au CHU de Guadeloupe sur deux patientes de 60 et 80 ans, les 22 et 26 mars.
Au fil des mois, des professionnels qualifiés se relayeront au CHU pour poursuivre les interventions et former les équipes locales à la thrombectomie. Le fruit d’une collaboration inédite entre le CHU de Guadeloupe, le CME, la Société française de neuroradiologie, l’Agence Régionale de Santé de Guadeloupe, les services de radiologie, neurologie, cardiologie, le Samu et la Société française de neuroradiologie.
Cécilia Larney
Les symptômes de l’AVC
En Guadeloupe, jusqu’à 900 AVC sont diagnostiqués par an. Prochainement, l’Agence Régionale de Santé de Guadeloupe lancera une nouvelle campagne pour apprendre à reconnaître les signes annonciateurs d’un AVC.
Une connaissance d’autant plus importante qu’en réagissant rapidement en cas d’AVC, on évite certaines séquelles, voire une issue fatale.