A mesure que la guerre en Ukraine se poursuit, les analyses économiques s’imprègnent de pessimisme. Certaines économies accusent déjà le contrecoup d’une opération militaire qui impacte profondément les relations entre états et produit de profonds changements dans les rapports économiques.
En Martinique, la situation économique globale suit le cours du monde et les dernières analyses locales laissent apparaître les premiers effets néfastes de la double crise Covid et guerre en Ukraine. A ce double jeu, les plus touchés semblent être les ménages qui voient, entre janvier et février 2022, leur pouvoir d’achat diminuer de 1,1% face à l’augmentation du prix des produits de consommation.
Plus la guerre s’enlise, plus les prix augmentent…
Conséquence inévitable, la hausse des prix des énergies, qui affichent parallèlement plus de 6% pour le mois de février. Ainsi, sous la barre des 72 euros en octobre 2021, le baril de pétrole brut vaut plus de 108 euros à ce jour. Les analystes annoncent à plus de 181 euros le baril avant la fin de l’année, à mesure que la guerre en Ukraine s’enlise.
Les analyses les plus pessimistes affichent un prix du baril à 272 euros. En Martinique, l’effet levier de la double crise commence à se faire sentir, tandis que la hausse des produits pétroliers a atteint désormais plus de 26% en un an. Autre effet constaté, une rapide répercussion sur les prix du transport de plus de 6,5%, également en un an.
Une situation globalement préoccupante
En Martinique, où l’économie est basée sur le raffinage pétrolier, l’agriculture et le tourisme, les répercussions de la guerre en Ukraine, cumulée aux effets anesthésiant de la crise Covid handicapent déjà certaines entreprises locales spécialisées dans l’export.
La situation vers la Guyane est significative. Compte tenu des perturbations dans les liaisons aériennes entre les deux territoires, le seul recours des entrepreneurs martiniquais est l’unique rotation maritime hebdomadaire vers le continent.
Des conséquences inévitables
Dans un contexte économique global d’effondrement, selon les dernières tendances des analystes européens, la Martinique figure au rang des économies menacées, même si le poids des aides et des subventions aussi bien nationales qu’européennes viennent en partie combler le déficit annoncé. Cependant, les conséquences à moyen et long termes sur l’économie de cette double crise sont inévitables. La Martinique saura-t-elle faire face à ce nouveau changement d’ordre mondial qui s’annonce avec fracas ? Les politiques comme leurs partenaires institutionnels sauront-ils de nouveau rassurer dans ce nouveau contexte global d’effritement ? La confiance renaîtra-t-elle chez les chefs d’entreprise et les décideurs des économies locales ?
Ce qui est sûr, c’est que la Martinique et les économies caribéennes sont engagées dans une nouvelle ère de relations économiques, marquée par un durcissement à venir de la politique monétaire européenne avec des conséquences inflationnistes locales inévitables, et, dans un scénario très pessimiste, le risque d’une crise financière généralisée.
Rodolf Etienne
Pas de pénurie en vue, mais…
L’Organisation des Nations Unies (ONU) a alerté sur les risques d’effondrement du « système alimentaire mondial » en prédisant un « ouragan de famines planétaire », alors que l’indice mondial des denrées alimentaires s’envole. Les pays belligérants, Russie et Ukraine, totalisent plus d’un tiers des ressources de blé mondial. Une alerte de pénurie face à laquelle, certes, les analystes français se veulent rassurants, tout au moins, à court et moyen termes. Il n’empêche que la situation actuelle aura des retombées à plus long terme qu’il faudra envisager avec prudence pour pallier une éventuelle pénurie.