Les Antilles françaises sont reliées au reste du monde, pour ce qui est des communications, soit par satellite, soit par des câbles sous-marins. Ce qu’il faut retenir c’est que 99% des liaisons internet passent par des câbles sous-marins.
Il en existe plus de 420 dans le monde, totalisant 1,3 million de kilomètres. Le record : 39 000 kilomètres de long pour le câble SEA-ME-WE 3, qui relie l’Asie du Sud-Est à l’Europe de l’Ouest en passant par la mer Rouge. La France est le point d’entrée de la plupart des câbles reliant l’Europe au reste du monde. Les Antilles françaises sont reliées au reste du monde par un réseau caribéen et américain. Ce dernier étant relié à l’Hexagone.
Pour simplifier, la Guadeloupe et la Martinique sont reliées à l’ECFS caribéen), ainsi qu’au GCN (Global Caribbean Network) pour la Guadeloupe, et à Americas-II et au SCF (Southern Caribbean Fiber) pour la Martinique.
De l’Ukraine aux Antilles françaises
La guerre en Ukraine et certains agissements imputés au gouvernement russe, agresseur de l’Ukraine, ont conduit les forces armées françaises à prendre certaines précautions, notamment concernant les câbles sous-marins afin d’éviter que ceux-ci soient sabotés pour couper les relations entre les Antilles françaises et l’Hexagone. D’autant que les satellites pourraient être la cible de sabotages.
De la fiction ? Pas du tout.
L’offensive russe contre l’Ukraine a été annoncée par Vladimir Poutine, le président de la Russie, en direct sur la télévision nationale russe, information relayée par les médias du monde entier. Stupeur des gouvernements européens qui ne pensaient pas que la situation pouvait, en quelques heures, évoluer aussi brutalement.
On sait ce que depuis la situation est devenue, avec des actions de guerre en Ukraine, bombardements, déplacements de population, exode de près d’un million d’Ukrainiens dans les pays voisins, et des menaces de Vladimir Poutine sur d’éventuelles ripostes nucléaires en cas d’intervention de l’OTAN.
Dans le même temps, a révélé un général français au cours d’une conférence de presse à Paris, une attaque informatique a visé le satellite de communications KA-SAT. Ce satellite américain exploité par la société ViaSat fournit un accès Internet à haut débit à de nombreux opérateurs européens, dont Nordnet en France.
Or, l’attaque a déclenché, en Allemagne, la destruction de « plusieurs dizaines de milliers de terminaux. » C’est ce même général qui l’affirme.
Elle a également bloqué le fonctionnement de 5 800 éoliennes qui, installées en Allemagne, étaient pilotés à distance via le réseau de Viasat.
Quelle alternative en cas de sabotage ?
Depuis cet incident, les armées veillent tant sur les satellites que sur les câbles sous-marins, notamment ceux qui relient Antilles françaises et Hexagone.
La problématique étant simple : comment pallier les coupures liées à des sabotages (ou plus prosaïquement à des pannes) pour éviter l’isolement de ces territoires.
L’exercice TRITON [Tests de résilience interarmées des transmissions], le 23 février, a consisté « à préparer les Forces armées aux Antilles [FAA] à faire face à une coupure de ses transmissions » vers l’Hexagone, affirme un communiqué du ministère des Armées qui précise : « L’objectif était de mettre en œuvre les moyens de transmissions de secours par voie satellitaire, en simulant une panne totale des liaisons transatlantiques sous-marines. »
L’exercice TRITON a mobilisé 150 militaires de la DIRISI [Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information du ministère des Armées] en Martinique, en Guadeloupe et dans l’Hexagone, ainsi que ceux du centre des opérations des FAA.
Le Bâtiment de soutien et d’assistance outre-Mer [BSAOM] Dumont d’Urville et la frégate de surveillance Germinal, basées aux Antilles, à Fort-de-France, ont également été mobilisés.
Néanmoins, en cas de sabotage des câbles sous-marins et des satellites… les Antilles françaises seraient totalement coupées du reste du monde. Ce que veut éviter le ministère des Armées en préparant ses techniciens à toute éventualité.