Salariée du CHU de Guadeloupe pendant 6 ans, Malou (Denise Moradel pour l’Etat civil) est suspendue depuis octobre 2021.
Membre du Collectif des organisations en lutte contre l’obligation vaccinale, mobilisé ce mardi 15 février, à Basse-Terre, Denise Moradel témoigne de la souffrance des soignants suspendus. « La réalité aujourd’hui, c’est que nous nous retrouvons sans travail, sans salaire, alors que nous n’avons commis aucune faute professionnelle », raconte Denise Moradel, alias Malou.
Suspendue en octobre 2021, après 6 années de service au CHU de Guadeloupe, Malou souligne l’implication avec laquelle ses collègues et elle ont affronté la 4e vague de Covid-19, malgré les craintes, le manque de matériel…
« Des collègues en dépression. »
« Personne ne nous a remerciés. Depuis, nous avons été « balancés » parce que nous ne sommes pas en conformité avec la loi sur l’obligation vaccinale. Nous ne comprenons pas, déplore Malou. Chaque jour, nous nous interrogeons sur qui justifie que nous nous retrouvions à la rue. Pour être suspendu, il faut avoir fait une faute grave : c’est d’ailleurs pour cela que nous avons des collègues en dépression. »
Malou évoque aussi le cas de collègues opposés à l’obligation vaccinale, mais qui ont finalement accepté de se faire vacciner. Par dépit. Aujourd’hui, ils se retrouvent confrontés à l’imminence de la troisième dose, obligatoire pour disposer d’un schéma vaccinal complet.
« J’avais l’impression d’aller à la Banque alimentaire… »
Le démantèlement par les forces de l’ordre du « village de résistance », installé sur un parking intérieur du CHU a été un véritable choc pour Malou et beaucoup de ses collègues suspendus. « Nous étions près de 200 là-bas : nous avons été très touchés par le démantèlement de notre piquet de grève qui était très organisé. Certains n’ont pas pu revenir sur le nouveau piquet… ».
Malou avoue que le soutien de la population les aide à « tenir le coup. La semaine dernière, nous avons reçu des cabas contenant des denrées alimentaires. J’étais très touchée : j’avais l’impression d’aller à la banque alimentaire. On en est là aujourd’hui : on ne peut pas manger, on ne peut pas payer nos factures. Pourquoi ? Juste parce que nous n’avons pas voulu nous faire vacciner… »
Cécilia Larney