Il l’avait déjà fait il y a onze ans. Mais s’était ravisé en quelques semaines. Bruno Magras, cette fois-ci, ne reviendra pas sur sa décision. Le président de Saint-Barthélemy passe la main.
Bruno Magras, parfois surnommé « le shérif de saint-Barth », a été pendant toute sa vie un pilote remarquable, aux commandes de sa compagnie aérienne, Saint-Barth Commuter, et au manche de son avion, pour des vols dans toute la Caraïbe, se posant trois à quatre fois par jour sur la petite piste de son île paradis.
Depuis quarante ans aussi, Bruno Magras est en politique. D’abord conseiller municipal, puis maire en 1995, il souffre d’un délaissement de sa commune par les collectivités de Guadeloupe, dont cette petite île dépend alors.
« Nous n’avons pas besoin des sous de la Guadeloupe ! », proclame-t-il, demandant une quasi indépendance de Saint-Barthélemy.
Le 7 décembre 2003 est un grand soir pour lui, c’est celui de la proclamation d’une consultation qui va donner 95,51% de Oui à la création d’une collectivité territoriale à assemblée unique. Bruno Magras exulte. Enfin libre de la Guadeloupe et de ses intrigues financières qui ne l’intéressent pas.
Depuis déjà cinquante ans, Saint-Barthélemy a su faire fructifier les sous rangés sous les matelas, en faisant un peu de contrebande, en vendant des lopins de terre à de riches américains désireux de venir quelques jours par an se ressourcer à Saint-Barthélemy dans leurs luxueuses villas. Le tourisme a pris la suite, cette petite commune française étant la plus connue et la plus prisée de la jet set internationale.
L’érection de cette commune en collectivité territoriale va impulser une nouvelle dynamique. L’argent rentre à flots. Tant et si bien que Bruno Magras et ceux qui le réélisent sans discontinuer n’hésitent pas à dire : « Les sous de la France, on n’en a pas besoin ! »
Le 15 juillet 2007, Saint-Barthélemy change encore de statut. Elle devient collectivité d’outre-mer. Le maire, Bruno madras, devient président au premier tour de scrutin. En 2012, en 2017 idem.
Bruno Magras est de droite. D’une droite décomplexée — il a été décoré par François Hollande, président socialiste. C’est son ami Nicolas Sarkozy qui va lui offrir un beau cadeau. En 2012, le président français obtient que Saint-Barthélemy devienne l’un des Pays et territoires d’Outre-mer européens. Désormais, c’est de Bruxelles directement que Saint-Barth obtiendra des sous si les finances sont trop sollicitées et demandent un soutien.
Aujourd’hui, comme il l’a dit aux médias, Bruno Magras passe la main sans regret. La collectivité a un patrimoine de 350 millions d’euros au moins, pas de dettes, une réputation de sérieux auprès des banques internationales et nationales.
Qui va lui succéder ? Bruno Magras a choisi un homme qu’il a formé, qu’il a vu travailler à ses côtés, un homme en qui il a confiance. Romaric Magras a la confiance de la communauté des hommes et des femmes de Saint-Barthélemy. Car, ici, c’est un peu une histoire de famille !