Guadeloupe. Procès Cotellon/Clavier : des témoignages accablants

A la barre du tribunal judiciaire de Pointe-à-Pitre, quatre des 12 témoins convoqués par la défense du Gaby Clavier, poursuivi par Gérard Cotellon, directeur du CHU de Guadeloupe pour « menaces de mort » se sont exprimés, ce mardi 1er février. Leurs propos ne peuvent laisser indifférents.

Invités à s’exprimer sur la moralité du prévenu, le syndicaliste Gaby Clavier, les faits qui lui sont reprochés, les circonstances dans lesquelles ils ont été amenés à le rencontrer…, les quatre premiers témoins, des professionnels de santé du CHU de Guadeloupe, ont souligné l’engagement de Gaby Clavier, « toujours à l’écoute, prêt à défendre les salariés », jouant même le rôle de facilitateur entre les agents en souffrance et la direction de l’hôpital.

Un fonctionnement en mode dégradé

En dehors de longues séquences sur les subtilités de la langue créole, les propos des témoins ont révélé une réalité que beaucoup ne pouvaient ignorer. Et pourtant…

Les conditions de travail au sein du CHU de Guadeloupe, dont le manque de moyens et les difficultés financières étaient de notoriété publique, se sont fortement dégradées après l’incendie de 2017. Des plaies béantes que la crise Covid est venue raviver. « Après l’incendie au CHU, notre service a été délocalisé dans une clinique, témoigne une infirmière au bloc opératoire, spécialisée en orthopédie. Nous avons reçu un très mauvais accueil : le personnel était déprimé. Grâce à Gaby Clavier, j’ai pu rencontrer le directeur pour lui faire part de la détresse du personnel. L’échange a été très convivial, mais après, rien n’a changé : nous sommes traités comme des moins que rien. Je n’ai pas retrouvé le directeur proche du personnel dont nous avait parlé Gaby Clavier. »

« On coupe une vis pour obtenir la bonne taille. »

L’infirmière de 20 ans de métier, aujourd’hui suspendue, pour non-conformité avec la loi sur l’obligation vaccinale, raconte qu’il n’est pas rare que les agents du CHU de Guadeloupe, mettent la main à la poche pour compenser le manque de matériel basique : serpillières, produits de pré-désinfection, de la bétadine… Pire : au cours des opérations au bloc, faute de vis adaptées, les plus longues sont coupées à la pince pour correspondre à la taille souhaitée. Les compresses en nombre insuffisant sont coupées… « Depuis longtemps l’inacceptable est devenu notre quotidien, poursuit le témoin. Tout le monde le sait, pourtant personne ne bouge. Depuis le Covid, on a vraiment l’impression d’être traités comme des animaux. »

« L’impression d’avoir été envoyée à l’abattoir… »

Un autre témoin, employé au service radiologie du CHU, également suspendu, évoque son retour au travail quatre mois après son accouchement, en 2020, au début de la crise Covid. « Nous manquions de matériel, de masques… J’ai eu l’impression d’avoir été envoyée à l’abattoir, en 2020. A l’époque, beaucoup de collègues ont préféré se mettre en congés maladie parce qu’ils ne se sentaient pas protégés. »

A travers ce procès pour « menaces de mort », proférées au cours d’un meeting contre l’obligation vaccinale, ce sont les nombreux dysfonctionnements du CHU qui sont clairement mis en évidence.

Appelée à se poursuivre le 15 mars, l’audience permettra d’entendre les 8 autres témoins de la défense au tribunal judiciaire de Pointe-à-Pitre.

Cécilia Larney

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