Guyane. Grossesse et Covid-19 : ce qu’en disent les spécialistes

Chef du service de gynécologie-obstétrique du Centre hospitalier de l’Ouest guyanais, le Dr Najeh Hcini a présenté les complications constatées à la maternité de Saint-Laurent du Maroni chez les femmes enceintes ayant contracté le Covid-19.

Dès les premiers mois de la pandémie, la maternité du Centre Hospitalier de l’Ouest Guyanais (Chog) a été une référence mondiale sur l’infection des femmes enceintes par le Sars-CoV-2. Aujourd’hui encore, autour du Dr Najeh Hcini, qui a succédé au Dr Gabriel Carles, les équipes alertent : « La grossesse est un facteur de risque de gravité et de morbidité liée au Covid. Il y a un risque de perdre son bébé si on a le Covid et qu’on n’est pas vaccinée. Aujourd’hui, la vaccination est probablement la seule chose dont on dispose pour protéger les femmes enceintes. »

Des collaborations facilitées avec l’épidémie

Au Chog, une cinquantaine de médecins et de sages-femmes sont formées au test. Le statut vis-à-vis du Covid-19 est connu pour toutes les femmes arrivant en salle d’accouchement. Les équipes ont constaté que « 8 femmes sur 10 étaient asymptomatiques ou présentaient très peu de symptômes. » Ces premiers résultats, sur 137 femmes positives au Sars-CoV-2, sont publiés dans l’European Journal of Obstetrics, Gynecology and Reproductive Biology, avec les Dr Fatma Maamri, Jean-François Carod, Véronique Lambert, Meredith Mathieu, Gabriel Carles (Chog), ainsi que le Pr Olivier Picone (AP-HP) et le Pr Léo Pomar, sage-femme formé au Chog et aujourd’hui professeur au CHU de Lausanne (Suisse).

Davantage de formes sévères chez les femmes enceintes

Les 137 femmes positives représentent plus du quart des 507 parturientes qui ont accouché à Saint-Laurent du Maroni entre le 16 juin et le 16 août 2020. Aucune ne décédera pendant cette période, « alors que sur la première vague, c’était 3 à 5 % au niveau mondial », rappelle le Dr Hcini.

Cette première cohorte de 137 patientes révèle que les femmes enceintes positives au Sars-CoV-2 sont plus à risque, par exemple d’admission en soins critiques, que celles qui n’ont pas contracté le Covid-19.

La hausse des morts fœtales, de la prématurité, des cas de pré-éclampsie sont également constatés chez les femmes qui ont le Covid-19. Toutes ces données ont été confirmées au fil de l’épidémie, avec de plus grosses cohortes et des méta-analyses au niveau mondial.

Hausse de la morbidité fœtale en cas de contamination

« Les formes sévères sont peu fréquentes, mais plus élevées que chez les femmes non enceintes, poursuit le Dr Hcini. La grossesse est donc un facteur de risque de gravité et de morbidité liées au Covid-19. C’est le cas dès le premier trimestre de grossesse et encore plus au troisième. C’est logique. »

Le risque d’accident thrombo-embolique, déjà augmenté pendant la grossesse, l’est davantage en cas de contamination. Pendant la grossesse, l’immunité est modifiée, ce dont le Sars-CoV-2 peut profiter. Enfin, au troisième trimestre, la compression du diaphragme et la moindre capacité respiratoire fournissent un terrain favorable au virus.

Une hausse de la morbidité fœtale en cas de contamination de la maman au Sars-CoV-2 a été constatée partout dans le monde. Une hausse directe liée à l’augmentation des morts fœtales, et une hausse indirecte liée à l’augmentation des cas de prématurité. « Il y a un risque de perdre son bébé si on a le Covid et qu’on n’a pas été vaccinée », prévient le Dr Hcini.

Avec la vague Delta, « nous avons eu beaucoup de patientes en réanimation, beaucoup d’extractions fœtales. Le vaccin était disponible, mais peu de femmes l’avait pris. Si nous n’avions pas été préparés, cela aurait été catastrophique. Avec Omicron, c’est largement moins. »

Un vaccin difficile à faire accepter

Depuis un an, le vaccin permet aux femmes enceintes de se protéger des complications liées au Covid-19. « Le réseau Périnat, les professionnels de santé libéraux, l’hospitalisation à domicile sont très sensibilisés à la problématique des infections liées à la grossesse », conste le Dr Hcini.

Un message que les patientes ont du mal à mettre en pratique. Parmi les femmes accouchant à Saint-Laurent du Maroni, le Dr Hcini estime à « 20 % maximum » celles qui sont vaccinées contre le Covid-19.

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