Patrick Desjardins, procureur : « La justice n’a pas cédé à la panique »

En Guadeloupe, les crises successives qui ont impacté le quotidien du territoire, en novembre et décembre 2021 et janvier 2022, ont nécessité une adaptation constante de la part des équipes du tribunal judiciaire de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe). Lundi 31 janvier, avec Hélène Judes, présidente du tribunal judiciaire, le procureur Patrick Desjardins a fait un point sur la politique pénale du parquet pointois.

Ces derniers mois, les scènes de pillages et de violences urbaines dont certaines communes ont été le théâtre, a-t-il rappelé, ont eu une incidence sur l’activité du monde judiciaire : parquet, magistrats, greffiers, avocats. La justice pénale a été particulièrement sollicitée. Des faits d’une exceptionnelle gravité ont été recensés qui ont permis de mettre à jour certaines pratiques.

« La Guadeloupe est traversée par des phénomènes contre lesquels il faut lutter sur le long terme, indique Patrick Desjardins, procureur, qui énumère : la délinquance économique et financière, les détournements de fonds publics… qui gangrènent la Guadeloupe depuis plusieurs années. »

Trafics, violences intra-familiales

En 2021, la justice a eu aussi à se prononcer sur des affaires plus récurrentes — et inquiétantes : trafics de stupéfiants, d’armes à feu, d’êtres humains « avec la prostitution qui est extrêmement importante », souligne Patrick Desjardins, mais aussi les violences intra-familiales auxquelles la Guadeloupe n’échappe pas… « Malheureusement, le parquet n’a pu engager des actions de prévention pour lutter efficacement contre tous ces phénomènes en raison des crises successives », regrette le procureur.

Tolérance zéro

Pour autant, la justice a tenu son rôle. Pour Patrick Desjardins, le message est sans appel : tolérance zéro. « Ces derniers mois, il a fallu apporter une réponse judiciaire aux pillages, parfois de magasins de petits commerçants dont certains n’ont jamais réouvert, aux violences urbaines, aux tirs d’armes à feu sur des policiers. Contre ces faits de criminalité extrêmement graves, le pénal a tenu son rôle : tolérance zéro. »

Des peines « équilibrées »

Les personnes interpellées et contre lesquelles l’infraction était caractérisée ont été systématiquement poursuivies et jugées. « Chaque personne a été jugée suivant un principe d’individualisation des peines en fonction de son casier judiciaire, de sa personnalité…, ce qui signifie que chacun a été condamné à la hauteur de son casier judiciaire, de son profil, des faits commis et de sa personnalité. La justice n’a pas cédé à la pression : elle a fait son travail sereinement jusqu’au bout. »

D’ailleurs, a dit encore le procureur de Pointe-à-Pitre, « il n’y a eu, sur plus de 60 condamnations, qu’un seul appel. »

Cécilia Larney

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