Un quart d’heure. C’est le temps qu’aura durée la réunion entre élus et collectif, ce mardi 14 décembre, à Fouillole. Le temps pour les élus de dire que l’Etat n’étant pas là ils ne pouvaient négocier sur deux points — l’obligation vaccinale et le passe sanitaire — mis en tête de la plateforme de revendications du Collectif des organisation en lutte contre l’obligation vaccinale et le passe sanitaire. Mais qu’ils pouvaient revenir à un autre moment débattre des autres points, ceux qui concernant les collectivités locales.
Première réunion de négociations qui se voulaient tripartites Etat-Région-Collectif, ce matin à 10 heures. Les élus sont arrivés les premiers, Ary Chalus, président de Région, et son staff, puis le président du Conseil départemental, Guy Losbar, Jean-Marie Hubert, premier vice-président de la Région, Jocelyn Sapotille, président de l’Association des maires, Adrien Baron, vice-président du Conseil départemental, d’autres élus, des conseillers… Pas de représentant de l’Etat.
L’Etat n’est pas là,
la tension monte
A 10 h 30, les membres du collectif, avec à leur tête Maïté Hubert M’Toumo, secrétaire générale de l’UGTG, Jean-Marie Nomertin, secrétaire général de la CGTG, Max Evariste, secrétaire général de FO, Hilaire Luce, de SUNICAG, les représentants d’autres syndicats catégoriels, d’associations citoyennes, ont rejoint la salle de réunion. Les élus qui étaient dans une autre salle sont venus les retrouver. Ils sont restés debout. L’Etat n’a toujours aucun représentant. Le dialogue va durer moins d’un quart d’heure.
Ary Chalus : « Nous ne pouvons pas négocier sur l’obligation vaccinale et le passe sanitaire qui sont deux points de la compétence de l’Etat. »
Un grand silence dans la salle. Et puis Elie Domota qui se lève et lance : « Nous sommes venus à trente, nous resterons à 10 plus les experts pour ces négociations, comme nous l’avons déjà dit. Nous sommes prêts, quels que soient ceux qui sont en face de nous. Nous n’avons mis le couteau sous la gorge de personne au moment de signer l’accord de méthode… Aujourd’hui, nous sommes Là pour négocier. »
Guy Losbar : « Nous vous redisons que ces deux points sur lesquels vous voulez négocier sont de la compétence de l’Etat. Nous sommes venus et nous avons attendu le plus longtemps possible en espérant que l’Etat serait présent; L’Etat n’est pas là, il nous est difficile de négocier. »
Maïtié Hubert M’Toumo a rappelé les conditions dans lesquelles les deux précédentes réunions de travail pour la méthode se sont déroulées, avec des écrits, une volonté d’avancer. Elle ne comprend pas qu’on attende l’Etat alors qu’élus et collectif sont là et peuvent travailler.
Ce qu’Elie Domota traduit : « Vous connaissez la situation, vous n’avez pas besoin de l’Etat pour faire un constat. La situation sanitaire est celle-ci, entre 17 et 20% de la population a un schéma vaccinal complet. Nous faisons appel à votre bon sens ! Allons-nous continuer de nier l’évidence et de dire que nous attendons l’Etat ou est-ce que nous allons chercher ensemble des solutions. »
Et encore : « Soit nous disons « L’Etat n’est pas là » et nous rentrons à la maison — 80% de Guadeloupéens ne sont pas vaccinés, 5 000 personnes sont suspendues sans salaire, dans un mois il y en aura 10 000 et c’est la guerre civile, est-ce que c’est ça que vous voulez ? — ou nous nous asseyons et nous cherchons ensemble comment avancer. »
Guy Losbar, tandis que les élus rangent leurs papiers : « Vous avez vous même, dans tous les courriers, exigé la présence de l’Etat. Nous vous avons dit que nous ne sommes pas compétents sur les deux points dont vous parlez. Même si nous débattons entre nous pendant des heures, la clé de ces deux points précis, c’est l’Etat. C’est pourquoi nous ne restons pas. Sur les autres points, nous sommes à votre disposition. »
Les élus ont quitté la salle, puis Fouillole.
Martine Panot, députée, présidente du groupe La France Insoumise à l’Assemblée nationale, présente sur le parking de Fouillole, a dit son soutien au collectif, son hostilité à la vaccination obligatoire et au passe sanitaire, en Guadeloupe comme sur le territoire national, et déploré « la politique de la chaise vide menée par l’Etat depuis le passage de Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer. »
André-Jean VIDAL
Les élus regrettent l’absence de l’Etat
Peu après leur départ, les élus ont diffusé un communiqué de presse dans lequel ils disent regretter l’absence de l’Etat et leur volonté de poursuivre le travail de proposition pour sortir de la crise.