Première grande star noire de l’Histoire, panthéonisée le 30 novembre, Joséphine Baker a connu une vie aussi trépidante que ses prestations au music-hall. Sa personnalité hors du commun et son talent inédit font d’elle une artiste inoubliable.
Comme dans tous les contes de fées, l’héroïne connaît le pire des départs dans la vie. Pauvre petite fille noire née en 1906, Joséphine grandit dans le Missouri au plus fort de la ségrégation.
Dotée d’un talent inné, elle se consacre au chant et à la danse par goût autant que par nécessité. Son style unique, mêlant humour et sensualité, fascine bientôt aussi le public blanc. Elle s’habille haute couture, mène grand train, fréquente l’élite intellectuelle et artistique, et écrit ses mémoires à 21 ans ! Ses amours sont multiples et tumultueuses.
« Pas assez Noire, pas assez Américaine, trop mondaine… »
Revenue aux Etats-Unis dix ans après son exil, elle est loin d’y faire l’unanimité : trop noire et pas assez Américaine pour certains Blancs, pas assez noire et trop mondaine pour certains Noirs.
Rentrée en France, elle triomphe en plein Front Populaire sur la scène des Folies Bergères. Gagnant la zone libre en 1940, elle s’investit dans la Résistance et divertit les armées alliées sur tous les fronts.
Un château en Dordogne
Après son mariage avec le chef d’orchestre Jo Bouillon, elle retente sa chance dans sa patrie et essuie un nouvel échec, doublé de discrimination pour son couple mixte.
Elle soigne cette seconde humiliation dans son château des Milandes, en Dordogne, qu’elle transforme en véritable « Joséphineland », commercial et familial. Ne pouvant avoir d’enfant, elle en adopte 12, de nationalités différentes.
Puis, à la fin des années cinquante, vient le temps des déceptions et des échecs jusqu’à ce qu’elle renoue avec la gloire. À presque 70 ans, elle remonte une nouvelle revue parisienne, qui s’ouvre sous les meilleurs auspices.
Mais elle meurt le 12 avril 1975, au lendemain de la première.