Politique. L’autonomie de la Guadeloupe n’est pas un tabou pour Sébastien Lecornu

Sur France Info, vendredi 26 novembre, Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, a parlé de la crise sociale que connaissent Guadeloupe et Martinique, mouvement qui gagne la Guyane. Il n’a pas caché que si les élus et la population de la Guadeloupe veulent l’autonomie le gouvernement est prêt à en parler. Il répond ainsi à l’idée de « domiciliation locale » de certaines compétences de l’Etat évoquée par les élus lors de récentes rencontres.

Le ministre des Outre-mer était hier soir sur France Info. Un long — 16 minute — discours dans lequel il s’exprime sans retenue : « Certains élus ont posé la question — en creux — de l’autonomie, par rapport à son statut actuel de Département/Région d’outre-mer. D’après eux, la Guadeloupe pourrait mieux se gérer elle-même. Ils souhaitent moins d’égalité avec l’Hexagone, plus de liberté de décision par les élus locaux. Le Gouvernement est prêt à en parler. Il n’y a pas de mauvais débat. Du moment que ces débats servent à résoudre les vrais problèmes des Guadeloupéennes et des Guadeloupéens. »

Sébastien Lecornu fait référence aux discussions qu’il a eues avec les présidents du Conseil régional, Ary Chalus, du Conseil départemental, Jean-Philippe Courtois, certains parlementaires, le président de l’Association des maires, Jocelyn Sapotille. 

De ces discussions, il est ressorti, et Jocelyn Sapotille l’a dit sur Karib’Info, que la question du statut a été évoquée, de même que la domiciliation locale de certaines compétences, notamment celle de la santé. 

Les élus auraient fait mieux
pendant la crise sanitaire

Depuis plusieurs mois, les élus fustigent la gestion de la crise sanitaire par Paris et les représentants de l’Etat aux Antilles. Tant Serge Letchimy en Martinique qu’Ary Chalus en Guadeloupe ont dit nettement qu’ils auraient fait mieux ces deux dernières années puisqu’ils connaissent mieux les hommes et les femmes de ces pays et leurs problèmes que les technocrates de Paris. De même, ils rejoignent l’intersyndicale et le LKP sur l’analyse des derniers mois, avec ces centaines de morts. Des morts de trop que l’on impute ici à « une mauvaise gestion de la crise sanitaire par Paris. »

« On nous a méprisés », a dit Ary Chalus sur les télévisions nationales, lors d’un récent passage à Paris. Il a dit son sentiment qu’on avait écarté les élus de la gestion de la crise sanitaire depuis mars 2021. Il a rappelé que la Région Guadeloupe, « face aux lenteurs de Paris, a pris sur elle d’acheter des masques, de soutenir la création d’une usine de fabrication de gel hydroalcoolique, d’acheter et de faire livrer des lits, des respirateurs. »

Avec le soutien de certaines régions, dont la Région Ile-de-France — dont Patrick Karam, un Guadeloupéen est vice-président — venue immédiatement au secours de la Guadeloupe. On peut comprendre que l’idée d’une domiciliation de la gestion de certains domaines qui était en germe ait éclos.

Face à ces prises de positions, Victorin Lurel, sénateur d’opposition au gouvernement, a dit, lors de la dernière séance de questions au gouvernement, qu’il allait falloir, un jour ou l’autre, « poser aux élites et aux populations, la question de confiance. » Cette question de confiance, c’est l’appartenance ou non à l’ensemble français. Et de conclure son propos : « Il faudra bien faire tomber les masques. »

Les raisons de la crise : le chômage,
la vie chère, l’eau, les sargasses…

Dans l’immédiat, en attendant un débat sur l’avenir de la Guadeloupe, Sébastien Lecornu dit avoir compris le problème et les raisons de la crise sociale. Il énumère…

« C’est ce chômage endémique (…) C’est la vie chère (…) Ce sont tous les défis de l’insularité et de la double insularité (…) C’est à la fois le ras-le-bol des coupures d’eau, l’angoisse de la Chlordécone, l’odeur insupportable des sargasses … Voilà tout ce que la jeunesse Guadeloupéenne nous renvoie désormais. La vérité, c’est qu’il n’y a pas d’autre chemin que de faire travailler l’État et les élus locaux ensemble, avec la société civile. »

Pour répondre aux interrogations de la jeunesse… « L’Etat s’engage à financer dès maintenant 1 000 emplois aidés pour les Jeunes, avec un accompagnement spécifique et une formation, dans le secteur non marchand pour soutenir les collectivités ou les associations sociales, sportives, environnementales du territoire. Cette réponse va se construire en co-financement avec les élus locaux. »

Cette nuit encore, la Guadeloupe a pris feu… la Martinique aussi. 

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