Les barrages depuis le début de la semaine sur les principaux axes routiers gênent la circulation des particuliers mais aussi les activités professionnelles et jusqu’à l’approvisionnement des grandes surfaces et des stations-services en communes, mais aussi d’autres déplacements impératifs, comme le transport des personnes décédées de leur lieu de décès jusqu’au cimetière.
Les principaux axes routiers sont bloqués par des barrages entre Pointe-à-Pitre/Les Abymes/Le Gosier et les communes de Sainte-Anne et Saint-François. De l’agglomération pointoise vers les communes du nord d cela Grande-Terre en passant par Morne-à-l’Eau, de cette même agglomération pointoise vers la Côte sous-le-Vent et le sud de la Basse-Terre avec les blocages à capes terre Belle-Eau. Passer par le col des Mamelles est difficile, il y a des barrages à Mahault Pointe-Noire vers le nord, Nogent Vieux-Habitants vers le sud, etc.
Les vivres frais
manquent en rayon
Conséquence directe : les conteneurs de vivres ne passent plus. Dans les supérettes de communes, dans les supermarchés, il manque de vivres frais : légumes, fruits, œufs, etc. Mais aussi de produits alimentaires congelés. Parfois de pain puisque les boulangeries industrielles ou artisanales consomment leur stock de farine.
Si le port poursuit ses activités normalement, l’évacuation des conteneurs vers les entreprises ne se fait plus qu’au compte-gouttes, ce qui pourrait entraîner une asphyxie des lieux de stockage. Verra-t-on, comme en 2009, si la situation perdure, des milliers de conteneurs déposés le long des axes routiers de la zone industrielle et commerciale de la Pointe Jarry, à Baie-Mahault ?
Vers un retour
des marchés citoyens ?
La production locale que défendent pourtant les tenants du blocage et d’un changement de société en prend un coup : comment livrer fruits et légumes, poulets et viande de bœuf ou de cabri, de porc, si on ne peut passer les barrages ? Que faire des fruits et légumes, des œufs, si on ne peut les acheminer ? Des marchés citoyens, comme en 2009, toujours ? Encore faut-il passer les barrages.
Mercredi, sur le barrage de Sainte-Marie, à Capesterre Belle-Eau, les automobilistes qui voulaient passer avec des produits alimentaires devaient les remettre « pour la cause. »
L’essence peut devenir rare
L’approvisionnement des stations-services en communes est difficile. les camions-citernes ne peuvent pas plus que les autres passer les barrages.
Le préfet Alexandre Rochatte a pris un arrêté limitant à 20 litres par véhicule la possibilité de s’approvisionner si l’on est un particulier, sauf véhicules prioritaires, soignants, secours divers, forces de l’ordre, etc. La liste est une short list. Les pompistes appliquent ou pas, selon les stations… tant qu’elles ont du carburant. Dans les cités, des milliers de voitures restent sur leur parking, les automobilistes limitant leurs déplacements aux courses ou au bureau s’il n’est pas loin.
Le fourgon mortuaire
a fait demi-tour
Autre souci pour les Guadeloupéens : les morts. Comment transporter un cercueil dans un corbillard de Basse-Terre, où une personne est décédée à Pointe-à-Pitre où elle doit être inhumée dan le caveau de famille ?
Aux barrages, on a parfois refusé de laisser passer le fourgon mortuaire… sauf à payer une dime, un droit de passage. L’entreprise de pompes funèbres a refusé de céder au chantage, le fourgon a fait demi-tour. Il essaiera de passer le lendemain. Il est passé… parce que ceux qui tiennent le barrage ont décidé de laisser passer désormais, au cas par cas.
Reste la solution du transport en bateau, ce qu’ont fait certaines entreprises ou des particuliers…
Passent les barrages — ou la plupart des barrages — les soignants, infirmiers libéraux, les médecins, les ambulances, les fourgons mortuaires… et les touristes qui peuvent présenter un billet d’avion retour.
Les touristes
partent, « Bye, Bye ! »
Autre conséquence des barrages (et de la situation qui peut inquiéter les touristes anglo-saxons, toujours frileux en cas de troubles), les locations de voitures qui voient leurs parcs s’encombrer de véhicules non loués puisqu’il n’y a plus (ou presque plus) de touristes débarquant en Guadeloupe.
Que viendraient-ils faire dans un archipel où l’on ne veut pas d’eux ? ue leur dit-on aux barrages quand ils disent qu’ils partent ? « Bye, bye ! », avec un geste ironique de la main. Avec eux partent les devises qui permettent l’emploi de milliers de salariés du secteur touristique.
Les loueurs de voitures qui font de la récupération au bord des routes ou sur des parkings privés de véhicules laissés par les clients en fin de séjour là où ils ont pu le faire sans trop de risques de casse faute d’avoir pu passer le barrage jusqu’au parc du loueur.
Déjà, les réservations dans les avions et les structures d’accueils touristiques, hôtels et gites, sont annulées. Pourtant, disent les professionnels, le carnet de ces réservations pour décembre est quasi plein. Mais, la fin du mois de novembre aura été une catastrophe après un début de mois prometteur. Le yoyo sanitaire a fait la place au yoyo social.
Des discussions
sont en cours
Le préfet Alexandre Rochatte a pris l’attache d’Elie Domota, porte-parole du LKP, érigé par les autorités en leader du mouvement social — même si Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer a dit qu’il « ne négocie pas avec quelqu’un qui ne condamne pas les violences. »
Des élus, Ary Chalus, président de la Région Guadeloupe, Jean-Philippe Courtois, président du département, Jocelyn Sapotille, président de l’Association des Maires de Guadeloupe, ont reçu des manifestants, des citoyens qui sont sur les barrages, pour échanger sur la situation et les moyens d’en sortir par le haut.
Le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, qui a fait savoir sur les médias nationaux qu’il ne venait pas tout de suite en Guadeloupe (et pas plus en Martinique où l’embrasement menace) « pour ne pas ajouter des difficultés aux forces de l’ordre déjà très occupées… », tiendra deux réunion en visioconférence. Aujourd’hui, en fin de matinée, avec les maires et le préfet Alexandre Rochatte. Demain avec les parlementaires, le président de Région, Ary Chalus, le président du Département, Jean-Philippe Courtois. Pour parler crise sanitaire, crise sécuritaire, crise sociale.