Guadeloupe. Ils ont ignoré le couvre-feu

La nuit de jeudi à vendredi 19 novembre, les exactions de bandes se sont multipliées en Guadeloupe. Essentiellement des barrages enflammés, des vols de voitures pour en faire des barrages, et l’incroyable : l’incendie de cinq immeubles à Pointe-à-Pitre.

Dans la journée, les élus demandaient et obtenaient une rencontre prévue mardi avec toutes les parties concernées. Le préfet Alexandre Rochatte arrêtait le couvre-feu de 18 heures à 5 heures, jusqu’à mardi prochain et l’interdiction de la vente d’essence en bidons.

Ici, à Colin Petit-Bourg, les caméras de surveillance ont permis de suivre les exactions de casseurs. Des images comme celles-ci sont nombreuses puisqu’il y a des milliers de caméras dans les zones commerciales.

Immédiatement, sur les réseaux sociaux, « on » incitait à braver ce couvre-feu. A ignorer les paroles du préfet sur les radios, qui demandait que l’on reste chez soi et qui promettait des poursuites judiciaires autrement.

Des feux, partout

En début de soirée de vendredi à samedi 20 novembre, des départs de feux de palettes et des barrages d’encombrants nouveaux étaient signalés, essentiellement à Pointe-à-Pitre, Les Abymes, Saint-François, Sainte-Anne, Le Gosier, Baie-Mahault, Capesterre Belle-Eau, Basse-Terre, Bouillante, Pointe-Noire…

Quelque part, à Pointe-à-Pitre, des groupes d’individus en noir ou gris entassent des palettes pour y mettre le feu. Vidéo RS

Plus tard, des feux de poubelles et de palettes étaient visibles à Pointe-à-Pitre au carrefour de certaines rues, du côté de la rue Frébault, mais aussi rue du Commandant-Mortenol, boulevard Chanzy.

Les sapeurs-pompiers, escortés de la police ou de la gendarmerie selon la zone de compétences, intervenait six fois, à Pointe-à-Pitre, Petit-Canal, Sainte-Anne, Saint-François, Deshaies, Trois-Rivières pour des voitures en feu.`

A Capesterre Belle-Eau, le Super U a été vandalisé.

Mais aussi sur des feux de barrages, 37 en tout. Eteints mais rallumés sitôt leur départ. Neuf à Pointe-à-Pitre, cinq aux Abymes, sept à Sainte-Anne, autant à Saint-François… d’autres ailleurs.

« J’ai entendu plus de boum que la première nuit. Il faut les voir arriver, par bandes, qui traînent les palettes. Quand la police arrive en voiture, on entend les pneus crisser sur la chaussée. Ils ont le temps de se sauver », témoigne une dame.

Des coups de feu dans la nuit

Boulevard Légitimus, à Pointe-à-Pitre, la Bred et Super U intéressent particulièrement des petits groupes de visiteurs du soir. Vidéo RS

Des attaques d’établissements commerciaux à Pointe-à-Pitre — Bred Légitimus, Super U — avec des scies circulaires et un nouveau départ de feu sur les immeubles détruits dans la nuit de jeudi à vendredi, dur de Nozières, plusieurs magasins vandalisés ou incendiés à Colin Petit-Bourg, des locaux à poubelles incendiés au pied d’immeubles, une tentative de cambriolage d’une armurerie, des actes de pillage, quelques tabasses et vols de particuliers… Et des coups de feu qui retentissent dans la nuit, les gangs réglant leurs comptes pour leur territoire.

Pour ouvrir les commerces protégés par des rideau de fer, les gangs sont munis de scies circulaires.

Peu après minuit, Pointe-à-Pitre redevenait calme…

Samedi matin…

Samedi matin, il faut se rendre à l’évidence : certains n’ont pas respecté le couvre-feu — la circulation n’a pas cessé toute la nuit — et il faut constater les dégâts, importants, coûteux, et tenter d’aller faire quelques courses. Partout des barrages ou des restes de barrages, et parfois un octroi : des petits jeunes qui demandent entre 20 et 50 euros pour laisser le passage…

Partout aussi, dans les commerces d’alimentation, de longues files aux caisses, et des rayons de produits frais qui sont quasi vidés.

Les forces de l’ordre en déplacement vers Vieux-Habitants. Vidéo RS

Et des déplacements de forces de l’ordre pour aller sécuriser certaines zones ou pour aller déposer des troupes dans des points stratégiques.

Une cellule de crise à Paris

Dans la matinée de samedi, le ministère de l’Intérieur et celui des Outre-mer décidaient de l’installation d’une cellule de crise en liaison avec la cellule installée à la préfecture par le préfet Alexandre Rochatte. Il va falloir gérer le reste du week-end, l’arrivée et l’installation de 200 gendarmes et policiers en renfort, le déploiement de ces renforts, les actions à mener, toute une stratégie pour tenter de mettre fin à ces troubles à l’ordre public. Il faudra aussi penser à parler, échanger… avec toutes les parties : élus, monde économique, socioprofessionnels, syndicats…

Le bilan du préfet

A Mahault Pointe-Noire comme à de nombreux endroits.

La préfecture a diffusé le bilan du préfet des incidents de la nuit : « Pour la 2e nuit consécutive, la Guadeloupe a connu des faits de violences urbaines et de pillages de magasins du fait de groupes de casseurs dont l’objectif unique était de voler et de s’attaquer aux forces l’ordre.

Les nombreux effectifs de la Police et de la Gendarmerie nationales déployés durant la nuit ont subi de nombreuses agressions par jets de pierres, tirs d’armes à feu et de mortiers. Un blessé léger est à déplorer dans leurs rangs.

Leur action a permis de procéder à 29 interpellations d’individus pillant et dégradant les biens privés et publics. Ils seront présentés au plus vite aux autorités judiciaires.

Ce matin, de nombreux axes restent bloqués par des barrages souvent en feu ou par la dégradation des voies publiques entravant la circulation y compris de personnels soignants et des personnes nécessitant des soins. »

Il concluait : « Le préfet de la région Guadeloupe, Alexandre Rochatte condamne à nouveau fermement ces actes inqualifiables portant atteinte à la propriété des biens des guadeloupéens et assure la population de la mobilisation constante des forces de l’ordre aussi longtemps qu’il le faudra pour réinstaurer la circulation sur le territoire et ainsi préserver la sécurité des biens et des personnes.

Le préfet en appelle à la raison des auteurs de ces méfaits et aux manifestants pour que cessent ces exactions et autres entraves de la circulation qui risquent de laisser notre territoire exsangue après des mois de crise sanitaire. »

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