Guadeloupe. Les auteurs de violences conjugales pris en charge pour s’amender

Les violences faites aux femmes sont un problème qui prend de l’ampleur dans l’archipel. Non pas que ce problème soit soudainement aigü, mais sans doute les femmes sont-elles plus enclines à se manifester, leur parentèle et le voisinage aussi.

Le problème, c’est le tourmenteur, le violent. Eviter qu’il en vienne au pire : blesser sa compagne, ses enfants. Jusqu’à présent, les services de police et de gendarmerie relevaient les plaintes, faisaient remonter le dossier au procureur qui tranchait en fonction des faits. Admonestation, peine de prison avec sursis, prison ferme, en fonction de la gravité des faits. Mais un problème se posait : l’individu violent retournait chez lui et ne s’amendait pas ou sortait de prison et reprenait la vie de famille en faisant sentir à celle-ci qu’il en avait bavé dans la geôle. Pas une solution pérenne puisque le plus souvent les tortures mentales, les coups, reprenaient comme avant.

Comment mettre l’individu violent devant ses responsabilités pour éviter qu’il récidive. Voire même comment l’inciter à éviter le pire ?

Depuis vingt ans, il existe une association, le Service de contrôle judiciaire et d’enquêtes (SCJE) qui œuvre aux côtés des personnes qui sortent de prison, afin de les inciter à rentrer dans le droit chemin.

Cette association, il y a deux ans, au moment du Grenelle des violences conjugales, s’est portée volontaire pour aider la justice dans cette mission essentielle : prévenir la récidive des auteurs de violences intrafamiliales.

Le Centre des prises en charge des auteurs
de violences conjugales est ouvert

En fait, comme l’a rappelé Hélène Judes, présidente du tribunal judiciaire de Pointe-à-Pitre au cours d’une causerie qui a précédé la signature d’une convention avec le SCJE : « Il faut un suivi des individus violents, avant et après la sanction. » 

Tout est résumé en une phrase.

Présidée par le préfet Alexandre Rochatte, accompagné du procureur Thierry Desjardins, du secrétaire générale aux affaires économiques et régionales Régis Elbez, de la délégué aux droits des femmes Lucette Faillot, de la directrice générale de la SCJE, Isabelle Bruère, de la responsable du Centre des prises en charge des auteurs de violences conjugales (CPCA), Anne Rossines, de représentants de collectivités et d’associations, une réunion, au palais de justice de Pointe-à-Pitre, a précédé l’inauguration de ce centre. C’est la concrétisation, en Guadeloupe, de cette action de prévention contre les violences faites aux femmes et contre une récidive éventuelle des auteurs de violences.

Une équipe pluridisciplinaire
pour prendre en charge les violents

Le CPCA, comme l’a rappelé Isabelle Bruère, c’est une équipe pluridisciplinaire, avec un (e) coordinateur (trice), un (e) psychologue, un (e) travailleur (se) social (e), équipe qui travaille avec les tribunaux judiciaires de Pointe-à-Pitre et de Basse-Terre ainsi que des acteurs locaux, administrations spécialisées, d’Etat ou des collectivités, associations.

S’il faut s’attarder sur une prise en charge des individus violents, au plan judiciaire puis une fois condamnés et remis en liberté, dehors, lors du retour à la vie citoyenne, il faut aussi prendre en main ceux qui se savent enclins à la violence et qui font la démarche spontanée de faire appel à une aide pour éviter le pire.

Le CPCA sert à coordonner un parcours de prise en charge globale constitué de différentes actions : actions de responsabilisation des auteurs, obligatoires, mais aussi actions complémentaires, psychosociales, thérapeutiques, médicales, socio-professionnelles, sur la parentalité, autour de l’hébergement dans les cas de mesures d’éviction.

Une enquête fine est réalisée afin d’auditer au mieux les besoins du violent ou de celui qui sent qu’il peut devenir violent pour qu’il comprenne son problème et qu’il s’amende. Pas facile.

De fait, l’objectif de ce travail minutieux, long, complexe, qui demande l’investissement de toute l’équipe et du sujet est d’amener celui-ci à prendre la mesure des conséquences judiciaires de ses actes de violence.

Changer de vie

Il faut en arriver à ce que l’auteur soit craigne la sanction de ses gestes et s’abstienne, soit qu’il ne recommence pas. Parce qu’il a compris qu’on ne le lâcherait pas. Que la sanction est là. Alors, pourquoi pas jouer le jeu, comprendre d’où lui vient cette violence et quels moyens peuvent être mis en œuvre pour qu’il s’abstienne. Qu’il adopte un autre comportement.

Le Centre de prise en charge des auteurs de violences conjugales a un local, 13 rue de Nozières, à Pointe-à-Pitre. Il accueillera ceux qui veulent changer, spontanément, recherchent des secours pour résoudre leur problème de violence… et ceux qui seront contraints de faire appel à l’équipe parce qu’ils se sont rendus auteurs de violences et que les tribunaux leur auront imposé cette étape de réhabilitation pour leur éviter d’aller plus loin dans les violences et de se retrouver (une nouvelle fois) en prison. Pour les uns comme pour les autres, c’est le moment de la réhabilitation, de changer de vie.

André-Jean VIDAL

Ils ont dit :

Le procureur Thierry Desjardins :

Isabelle Bruère, directrice générale du Service de contrôle judiciaire et d’enquêtes :

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