Les services officiels l’ont appelée Hippocampe. C’est une évacuation sanitaire de grande envergure. Mercredi 18 août, c’est un vol long courrier qui va décoller à 19 heures depuis la piste de l’aéroport international Pôle Caraïbes, en Guadeloupe. Un vol spécial, avec huit malades de la Covid-19 en réanimation, qui seront soignés dans l’Hexagone puisque les services de soins intensif susceptibles de les accueillir en Guadeloupe — CHUG et CHBT — sont saturés.
La première évacuation
de cette importance
C’est la première fois qu’une évacuation de cette importance est opérée. Un autre vol, avec six malades est parti la semaine dernière, d’autres vols partent régulièrement, en Falcon, avec deux ou trois malades.
Pour pouvoir embarquer les huit malades, des équipes s’affairent depuis mercredi matin, pour installer les huit emplacements où les malades seront positionnés dans l’avion. Celui-ci a été réaménagé, l’avant étant réservé aux soignants pour qu’ils puissent se restaurer, se détendre, dormir entre deux soins, le temps du vol qui devrait durer environ 8 heures.
Un hôpital volant
L’arrière est aménagé avec un double sas de sécurité. Là c’est la partie hôpital. Les huit civières sont installées, prêtes à accueillir les malades, dans quelques heures. Sur chacune d’elles et sous ces civières, il y a tout l’appareillage : bouteilles d’oxygène, matériel de réanimation, appareils de contrôles des signes vitaux, et un conteneur dans lequel ont été placés les médicaments spécifiques à chaque malade.
Des médecins, soignants et aide-soignants volontaires, venus du Nord et de l’Est de l’Hexagone (la vague de Covid-19 y est moins prégnante en ce moment), s’affairent avec des techniciens d’Air Caraïbes et de l’ARS de Guadeloupe pour démonter des sièges, placer des supports pour les civières, vérifier que tout est bien embarqué, tout ce qui sera nécessaire à cette prise en charge d’une douzaine d’heures entre le départ du CHU en ambulance et l’arrivée en unité de soin dans l’Hexagone, aux termes du vol transatlantique.
Cette semaine, il y aura deux transferts assurés, puis deux chaque semaine… peut-être trois, peut-être plus, en fonction des besoins.
André-Jean VIDAL
« Ces malades sont suivis et soignés,
tout au long de leur transfert,
comme dans un hôpital »
Le Dr Lionel Lamhaut, anesthésiste-réanimateur adulte et Samu-Smur
de l’Hôpital Necker, à Paris, explique: « Les transports sanitaires sont réguliers entre les Antilles et Paris, ça se fait régulièrement à la demande, c’est pour cela qu’il y a les deux civières qui vous avez vues, qui sont là en cas de besoin. Ce qui est exceptionnel dans ce vol, c’est le transport de huit malades à la fois. Mais, ces malades sont suivis et soignés, tout au long de leur prise en charge, comme s’ils étaient en unité de réanimation. Tout le long du vol, ils sont surveillés, il y a deux personnes par malade en permanence, ils peuvent recevoir des soins, être massés. Tout comme s’ils étaient en réa dans un hôpital », précise-t-il encore.
Un parent pris en charge
Pour chaque malade transféré dans une unité de soins intensifs dans l’Hexagone, un parent est pris en charge pendant un mois, nourri, hébergé, afin que les malades ne se retrouvent pas seuls si loin de chez eux. Les parents voyagent dans un vol régulier.