Contester, d’accord mais avant tout se protéger et protéger les autres.
PAR PIERRE SAINTE-LUCE*
Plusieurs centaines de guadeloupéens sont diagnostiqués positifs à la Covid-19 tous les jours depuis une semaine et des dizaines de nos compatriotes sont aujourd’hui en service de réanimation à cause du virus…
La quatrième vague de l’épidémie du coronavirus est là. Elle est en train de submerger toute la Guadeloupe…
Les origines de cette vague d’intensité et d’une gravité sans précédent depuis mars 2020 sont diverses : développement de nouveaux variants du virus, vaccination laborieuse, reprise de flux de populations, retour à la vie d’avant assorti du relâchement des comportements…
Dans le même temps, des contestations à la vaccination et au pass sanitaire s’amplifient. Depuis deux semaines, les images des manifestations, à Pointe-à-Pitre ou à Basse-Terre, laissent perplexes tant le non-respect des gestes barrières est flagrant : port du masque sporadique et aucune distanciation.
Le comble est atteint au spectacle de sapeurs-pompiers défilant, en tenue, au volant de véhicules d’intervention, alors même que leur mission de service public est de sauver des vies.
Vaccinés, non-vaccinés, pro-pass sanitaire, anti-pass sanitaire, actifs ou passifs dans la lutte contre cette pandémie, nous sommes tous affectés de près ou de loin, directement ou indirectement, par ce nouvel épisode.
La cinquième vague est d’ores et déjà annoncée !
Tous ceux qui exhortent la population à « courir » dans les rues sont responsables de la prolifération du virus et seront comptables de leur inconséquence.
Se réunir pour contester : oui ! mais se protéger et protéger les autres, aussi ! Contester : oui ! Mais sans se mettre en danger ! Être celui par qui le virus ne passera pas…
Notre humble démarche est aujourd’hui une exhortation à revenir aux fondamentaux : les gestes barrière en toutes circonstances ! Comme le recommande l’Organisation Mondiale de la Santé « protégez-vous en prenant quelques précautions simples, comme maintenir une distance physique avec autrui, porter un masque, bien ventiler les pièces, éviter les rassemblements, vous laver les mains, et tousser dans votre coude replié ou un mouchoir. »
La Guadeloupe est un pays de croyants de toutes obédiences.
Il serait salutaire que leurs officiants s’expriment sur cette problématique clivante, en lieux et places des nouveaux gourous médiatiques, et édifient de leur parole leurs fidèles désemparés.
Il nous faut sortir de la surenchère belliqueuse où chacun s’illustre à l’injure sur les réseaux sociaux et faire gagner l’instinct de vie.
La liberté individuelle d’expression et d’opinion, pour imprescriptible qu’elle soit, ne saurait prévaloir face aux injonctions de l’épidémie qui impose une responsabilité collective, solidaire et affranchie des pressions et oppressions, d’où qu’elles viennent.
La liberté de chacun à s’opposer et à se faire entendre ne doit pas être un autre accélérateur contribuant à la prolifération du virus.
*Pierre Sainte-Luce est docteur en médecine, docteur en sociologie et PDG du Groupe Manioukani