Il y a un peu plus d’un an, Jacques Bangou, maire de Pointe-à-Pitre, était menacé de destitution. Il lui était reproché de ne pas déférer aux avis de la Chambre régionale des comptes des Antilles et de la Guyane qui lui avait écrit à plusieurs reprises qu’il fallait redresser une situation de déficit permanent, d’une année sur l’autre, des finances communales.
Situation que n’avaient pas relevés les préfets successifs, mais que le préfet Philippe Gustin, en poste en 2019, avait trouvé inadmissible, jusqu’à demander au Gouvernement de la République française de destituer ce maire guadeloupéen. Mais, Jacques Bangou avait préféré éviter ce déshonneur et démissionné puis laissé la barre à une fidèle, Josiane Gatibelza, jusqu’alors première adjointe.
Quel déficit reprochait-on à l’ancienne municipalité pointais ? Aux alentours de 76 millions d’euros, à la louche, surtout des fournisseurs impayés depuis des années. La municipalité de Pointe-à-Pitre n’avait alors aucun moyen de redresser la barre. Les élections ont tout balayé et Harry Durimel et son équipe ont remplacé les partants le 4 juillet 2020.
Un déficit global de 76 millions
Dans son nouvel avis, daté du 13 novembre 2020, la Chambre régionale des comptes des Antilles et de la Guyane a rappelé le déficit total de 75,9 millions. Et que le budget corrigé, en prenant en compte les crédits déjà consommés par l’ancienne majorité (entre janvier et fin juin 2020), est en déséquilibre de 54,5 millions.
Pourquoi ce déficit chronique de l’ancienne majorité municipale ?
. En vrac, des contrats passés dans des conditions très défavorables, notamment pour l’éclairage public, mais aussi pour la gestion du parc immobilier de la ville, la délégation de service public relatif au stationnement (pour faire simple la CGSP est rémunérée pour gérer les parcmètres trois fois ce que ces parcmètres rapportent à la ville !).
. Un personnel pléthorique : 579 agents, dont certains sont mis gratuitement à la disposition de « structures périphériques ». On ne veut pas trop savoir quelles sont ces « structures périphériques ».
. Des contrats passés verbalement. On croit rêver quand leur montant global est de près de 2 millions d’euros.
. Quant aux recettes, tout est gratuit ou presque, la ville ne récupérant pas les loyers, oubliant de faire payer des occupants de bâtiments communaux. Sans oublier les immeubles non pris en compte dans les bases fiscales.
. Une ligne de trésorerie de 5,2 millions devrait être remboursée. Elle a été contractée en 2014, en attendant des subventions, mais les dossiers de demandes de subventions n’ont jamais été constitués.
En tout, l’encours de la dette représente un montant de 2 700 euros par habitant de Pointe-à-Pitre.
Que faire ? Payer les factures, notamment en priorité des factures qui permettraient de solliciter le versement des subventions prévues, diminuer les dépenses d’investissement, reporter tout projet d’achat de terrain… Ne pas remplacer les agents partant en retraite, etc. Bref, se serrer la ceinture.
André-Jean VIDAL