L’injonction inacceptable dénoncée par Josette Borel-Lincertin

La présidente du Conseil départemental ne se laissera pas faire dans ce dossier. Photo DR

Josette Borel-Lincertin, présidente du Conseil départemental a du caractère. Elle l’a montré à plusieurs reprises au fil des années. Cette fois-ci, elle a écrit à Sébastien Lecornu. Un courrier assez rebelle…

Josette Borel-Lincertin le dit clairement dans cette lettre du 13 novembre : elle n’accepte pas que Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, écrive dans un courrier circulaire aux présidents des EPCI de Guadeloupe qu’il a décidé de créer par la loi un Syndicat Unique de l’Eau pour remplacer le SIAEAG et d’ici que ce syndicat soit créé d’ici septembre 2021, il y aura une période transitoire partant du 1er janvier 2021 date de dissolution du SIAEAG.

Que dit encore, dans ce courrier, Sébastien Lecornu ? Il demande l’obtention de « garanties auprès de la Région et du Département pour financer les dépenses salariales et le paiement des fournisseurs du SIAEAG dans l’attente de la création du syndicat mixte unique de l’eau. »

« Cette position de l’Etat ne peut manquer de susciter mon trouble. »

Josette Borel-Lincertin

A ceci, qu’elle considère comme une injonction intolérable, Josette Borel-Lincertin répond : NON. « Cette position de l’Etat ne peut manquer de susciter mon trouble au regard de la méthode ici employé pour placer, sans aucune concertation ni échange préalable, la collectivité dont j’ai la responsabilité dans la quasi-obligation de prendre à sa charge le fonctionnement d’une structure dont le Gouvernement a décidé seul la dissolution. »

Et de citer les efforts entrepris pour sensibiliser les services locaux de l’Etat afin qu’ils récupèrent par voie d’huissier les 40 millions de créances du SIAEAG. En Vain. « Le Gouvernement a persisté dans sa volonté de liquider cette structure dont l’insolvabilité a été, selon moi, organisée. »

En fait, Sébastien Lecornu oblige Région et Département à prendre en charge 9 mois de salaires des agents du SIAEAG et le paiement des fournisseurs sur la même période. Soit, calcul effectué par Josette Borel-Lincertin, à raison de 3 millions par mois, 27 millions d’euros à débourser, dont la moitié pour le Département (l’autre moitié pour la Région) pour les seuls salaires.

« J’entends que le Gouvernement n’entend pas s’impliquer du tout dans le financement de la liquidation. »


« J’observe, à la lecture de ce courrier (de Sébastien Lecornu aux présidents des EPCI qui n’ont pas bronché) que le Gouvernement au-delà de la liquidation qu’il a décidée n’entend pas s’y impliquer du tout, notamment s’agissant de son financement. »

Et de rappeler la part prise par le Département dans la réfection du réseau d’eau, alors que la structure n’est théoriquement pas compétente en matière d’eau : « En 5 ans, nous nous sommes engagés sur un programme de près de 65 millions d’euros, dont environ 25 millions financés sur nos fonds propres… Outre ce programme de travaux, poursuit-elle, nous sommes déjà intervenus auprès du SIAEAG pour un montant dépassant les 3 millions d’euros. »

Enfin, Josette Borel-Lincertin explique que tous ces engagements sont déjà très lourds pour le Département qui, de plus, prend à sa charge, l’Etat ne faisant pas grand-chose, le financement du RSA qui ne cesse, d’une année l’autre, de gréver le budget du Département. Conclusion : le Département ne paiera pas pour les salaires du SIAEAG,par plus les fournisseurs, d’autant qu’il n’y a eu aucune concertation qui aurait pu trouver sa place dans… une conférence territoriale de l’action publique, avec tous les acteurs concernés.

Le courrier de Josette Borel-Lincertin à Sébastien Lecornu a été adressée en copie au Premier ministre Jean Castex.

André-Jean VIDAL

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