Il y a des rencontres, des parcours de vie, qui aussi anodins qu’ils puissent paraître, sont porteurs de sens. Quelqu’un, un jour, croise votre route et laisse durablement son empreinte. Tel un phare qui éclaire la voie avec constance.
La relation qui unissait Richard-Viktor Sainsily-Cayol, artiste pluridisciplinaire, à l’avocat Daniel Démocrite, décédé le 4 novembre, transcendait le simple lien mercantile entre un artiste et un collectionneur. Sincérité, respect mutuel, bienveillance, confiance…, constituaient la base d’une relation de qualité entretenue, au fil des années et des échanges, y compris au domicile de l’homme de loi, par leur égale passion pour l’art.
Aux côtés des artistes.
« Un jour, Daniel m’a confié qu’il aurait aimé que davantage de ses compatriotes, et particulièrement un plus grand nombre de ses confrères du barreau, soient aussi férus d’art que lui, se souvient avec émotion, Richard-Viktor Sainsily-Cayol. Daniel avait une formule particulière pour dire qu’ils investissent pour la plupart dans la pierre ou l’or, alors que lui, c’était d’abord son engagement dans l’art qui l’animait. » Plus que l’acquisition d’œuvres, Daniel Démocrite, l’avocat, l’humaniste, le progressiste, apportait son soutien aux artistes. Il croyait en eux.
Une empreinte indélébile.
L’amour de Daniel Démocrite pour l’art était tel que, même en se sachant rongé par un mal qui aura eu raison de lui, il élaborait des projets. « L’art était comme une branche à laquelle il tentait de s’accrocher, face à un torrent prêt à l’emporter », commente Richard-Viktor Sainsily-Cayol. Comme pour échapper à un funeste épilogue. Après tout, depuis les civilisations anciennes, l’art n’est-ce pas ce qui survit, quand nous ne sommes plus ? Comme une empreinte indélébile.
Un dernier acte de résistance…
Il y a un mois, Daniel Démocrite a ressenti le besoin d’échanger avec Richard-Viktor Sainsily-Cayol. Il savait l’artiste en quête d’un local à Pointe-à-Pitre pour y installer une galerie d’art contemporain international. « Plutôt que de me louer ce local, dont il était propriétaire, Daniel m’a suggéré d’envisager une collaboration entre nous, et pourquoi pas, que nous soyons associés sur ce projet… ».Même en cet instant, l’avocat esthète était désireux de parfaire sa connaissance des arts. « Je lui ai conseillé d’acheter l’ouvrage célèbre de Gombrich sur l’histoire mondiale de l’art. Lors de cette séance de travail à son domicile en présence de son épouse, j’ai ressenti que, même s’il était affaibli, Daniel affichait une sincérité, une volonté farouche de réaliser cet ultime projet avant de tirer sa révérence. » Comme un dernier acte de résistance.