Pour les commerces dits « non-essentiels », c’est la double peine. En Guadeloupe, depuis mardi, les nouvelles restrictions sanitaires leur imposent de baisser le rideau jusqu’au 18 mai. A l’approche de la fête des mères, qui correspond traditionnellement à une augmentation du chiffre d’affaires, la pilule ne pouvait pas être plus dure à avaler.
Baisser le rideau pendant trois semaines, c’est déjà un crève-cœur. Mais, en plus, à l’approche de la fête des mères, parfumeries, créateurs de mode, instituts de beauté… ont du mal à garder le sourire. La dynamique Laurine Clavier-Somers, de Studio Strass, institut de beauté (Jarry/Baie-Mahault), teste depuis ce « confinement allégé », le Click & Collect. « Les clientes jouent le jeu : j’ai la chance d’avoir un bon réseau de clientes extrêmement fidèles, avoue Laurine. Pour elles aussi, c’est nouveau parce qu’elles n’ont jamais acheté à distance chez moi. Pour celles qui connaissent leurs références, c’est facile. Pour les autres, on trouve des astuces, on s’appelle en visio, je leur montre les couleurs, je conseille et elles font leur choix. »
« Une grosse perte »
Le Click & Collect, une formule qui ne pourra pas compenser le manque à gagner des prestations en institut suspendues pendant trois semaines. « Même si on nous considère comme non essentiels, mon travail est essentiel parce que, malheureusement, mes charges, elles, sont réelles ! Il n’y a déjà pas de bon moment pour être confinés, mais là, c’est pire que tout : en mai, les clientes commencent à prospecter pour la fête des mères ! »
Nadia Rizk (parfumeries Phoenicia) avait mis en place le Click & Collect, en avril 2020, sans conviction. « Les commandes représentaient à peine 10% du chiffre que j’aurais dû faire si les magasins avaient été ouverts ! Mais, c’est mieux que rien : ça évite d’avoir un rideau fermé. »
« Nous préférons ouvrir nos magasins ! »
Nathalie Eddo, Union économique du Sud Basse-Terre.
Ce confinement, même « allégé », tombe d’autant plus mal pour Nadia qu’il précède la fête des mères. « On enregistre généralement deux mois de chiffre d’affaires en mai : c’est une grosse perte. J’aurai 9 jours pour écouler les coffrets spéciaux que nous avons déjà reçus ! A cause de la crise sanitaire, l’année dernière, les fournisseurs nous ont livré depuis février. Ce qui m’embête, c’est de voir que tout est ouvert. »
A Basse-Terre, la vente à distance ne fait pas recette. Les commerçants veulent rouvrir, tout simplement. « Beaucoup de magasins ou d’artisans de Basse-Terre ne sont pas au numérique : pour eux, le Click & Collect, c’est du charabia ! Nous préférons ouvrir nos magasins plutôt que d’attendre des aides qui arrivent tardivement, voire pas du tout pour ceux qui ne sont pas éligibles, note Nathalie Eddo, présidente de l’Union économique du Sud Basse-Terre. Nous sommes en négociations pour trouver une solution : on ne peut pas rester fermés pendant trois semaines. Il nous faut réagir ! »
Cécilia Larney
« Tout le monde est dégoûté ! »
Claudia Portecop, de la boutique Les Créateurs, à Grand-Camp (Les Abymes) partage le sentiment d’amertume de nombreux commerçants obligés de fermer boutique.
« Mai, c’est mon plus gros mois de l’année parce que les clientes préparent les cérémonies : baptêmes, mariages, premières communions… C’est un très, très, bon mois pour tout le monde : stylistes, créateurs de bijoux, chaussures, accessoires… Tout le monde est dégoûté ! » En mode « Call & Collect » depuis mercredi, la boutique Les Créateurs avait déjà mis en place des tarifs spéciaux, lundi, pour la dernière journée avant le « confinement allégé », mardi 27 avril. Déjà très active sur les réseaux sociaux, « pour garder le contact avec la clientèle et une qualité de service au top », Claudia Portecop sait qu’il lui faudra redoubler d’énergie pour écouler le stock de marchandise.