Depuis le 1er novembre, tout Haïti vit en Banda. Ce terme désigne, dans le vodou haïtien, de la danse et du rythme musical des morts et des dieux vivants, comme les Gédé et les Bawon.
En Haïti, la fête des Gédé et des Bawon est la plus respectée des fêtes religieuses du pays. Des grandes villes aux localités les plus reculées, où même les institutions publiques sont absentes, on fête en grande pompe les Gédé.
A Port-au-Prince, Jacmel, au Cap, cette année encore, tous les cimetières étaient envahis, bondés de monde, catholiques et vodouisants confondus, qui venaient se recueillir, passer un peu de temps avec leurs ancêtres et surtout, chanter des « Libera » par des « pè savann » pour faire appel à la miséricorde de Dieu et libérer du poids de leurs péchés les âmes des disparus.
Jour de fête à Jacmel
Hormis la traditionnelle et très populaire possession, un peu liturgique et rituelle des vodouisants réalisée par l’association Konzaka, la fête des morts a été surtout marquée par « Jakmèl ap fété Gédé » (Jacmel célèbre la fête des Gédé). Une activité socio-culturelle organisée une nouvelle fois au port touristique de Jacmel.
Exposition des plats préférés des Gédé, musique avec les groupes Dayila Ginen et Boukman Ekspéryans constituaient le fil conducteur de cette journée de fête, étoffée de danse avec les groupes Explosion, ballet Grand soleil, Marassa Rak.
Cette ambiance sereine, rythmée par les rires des fêtards et des badauds, abasourdis par le rythme des tambours endiablés et les grouillades des Gédé aux corps sveltes, aux gestes lascifs et tellement suggestifs, revient chaque année pour permettre de se souvenir que le temps nous est compté et qu’il faut vivre la vie pleinement, amplement.
Pierre-Paul Ancion