Un site précolombien de première importance découvert aux Abymes

De nombreux corps, du mobilier, ont été trouvés sur ce site important.
Photos Inrap et Jessica Laguerre pour la photo mise en avant.

Près de la zone artisanale de Petit Pérou, aux Abymes, est prévue la construction d’un lotissement. Comme le veut la loi, avant tout travaux, le terrain choisi fait l’objet de fouilles préventives par les archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap). 

L’endroit, où s’est pratiquée la culture intensive de la canne à sucre depuis le XVIIe siècle, a abrité jusqu’au XIXe siècle des exploitations agricoles dont les noms sont encore associés au lieu-dit : L’Espérance, Mamiel. 

Deux campagnes de fouilles


Une campagne de fouilles conduite depuis septembre 2020 a d’emblée révélé que le site était habité il y a plus de 1 000 ans.  

Les sondages, réalisés sous la direction de Gwenaëlle Jousserand, de l’Inrap, ont identifié rapidement une centaine de sépultures. 

Une deuxième campagne d’exploration, qui s’est achevée en mars 2021, a confirmé la dimension funéraire du site puisque 113 squelettes ont été retrouvés sur place. 

Squelettes parfaitement préservés, sur le lieu d’inhumation… il y a plus de 1 000 ans pour les plus anciens ! 

« Les corps ont été inhumés
repliés sur eux-mêmes »

Inrap


« Cette découverte témoigne de plusieurs phases d’occupation du lieu. Les inhumations concernent aussi bien des adultes que des enfants… Les corps ont été inhumés repliés sur eux-mêmes : les bras souvent fléchis, sur l’abdomen ou le thorax, les jambes comprimées sur les avant-bras, les coudes ou le thorax. Des liens ou des sacs garantissent cette position. Des manipulations après inhumation sont perceptibles », explique l’équipe de chercheurs sur le site internet de l’Inrap d’où sont extraites les illustrations qui accompagnent cet article. 

La datation des corps fait remonter la nécropole avant la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb en 1492. 

Ces tombes auraient été creusées entre les XIe et XIIIe siècles de notre ère. Cette époque de l’ère précolombienne que les spécialistes désignent sous le nom de « troumassoïde », un style de céramique qui correspond à cette période. 

Des centaines de trous de poteaux signalent l’existence sur place, il y a 1 000 ans, d’habitats et peut-être d’ateliers. 

Une cinquantaine de fosses, creusées avec patience par les archéologues, ont permis de mettre à jour des tessons de poterie, des outils en pierre, des ossements d’animaux, petits rongeurs, reptiles, oiseaux, crabes et coquillages, qui ont été cuisinés et sans doute dégustés à cet endroit. 

L’étude du mobilier archéologique, daté au carbone 14 ainsi que les analyses des traces ADN relevées sur les ossements permettront certainement aux spécialistes de déterminer l’état de santé de la population inhumée mais aussi les liens de parenté. 

C’est d’un site archéologique majeur dont il s’agit.


Sur le site du nouveau CHU aussi 

En 2006, à Dothémare, la direction régionale des affaires culturelles (Drac) avait engagé un programme de fouilles sur le site de Belle Plaine, permettant de retrouver les traces d’un village daté entre 1 000 et 1 200 après J.-C. 
Lors du diagnostic archéologique, réalisé avant l’ouverture du chantier de construction du nouveau CHU, des traces de poteaux démontraient l’existence de bâtiments en bois de forme précolombienne. Ce qui a confirmé qu’un village préalable au bourg des Abymes, dont la fondation officielle remonte à 1691, avait existé à cet endroit.

Extrait d’une étude sur ce site par Christian Stouvenot, du Service régional d’archéologie – Guadeloupe :

« Le site de Belle Plaine daté autour de 1150 après J.-C. représente l’une de ces implantations. Il s’étend sur environ 4 hectares, occupant une butte peu marquée dominant d’une dizaine de mètres la plaine environnante à une distance de 2 km de la côte actuelle. Un sondage de 2m2 a mis en évidence une couche archéologique localement épaisse de 70 cm correspondant à un dépotoir domestique. L’abondance de restes de faune coquillière marine et en particulier des lambis pose la question de l’accès à la mer séparée du site par des forêts noyées et mangroves très difficiles à parcourir à pied. Les déplacements vers le Grand-Cul-de-Sac se faisaient assurément par voie d’eau, sans doute à bord de pirogues. L’auteur explore deux hypothèses permettant d’expliquer cette forte représentation des mollusques marins sur un site non côtier. Soit l’accès à la mer ouverte se faisait par d’anciens chenaux traversant la zone de mangrove, soit la mangrove n’existait pas à cette époque suite à un événement sismique majeur ayant provoqué sa submersion soudaine aux environs de 1000 après J.-C, hypothèse proposée par une équipe de botanistes ayant étudié cette zone humide. »

Lien : https://halshs.archives-ouvertes.fr/hal-00559473/

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