Le chanteur et compositeur Larry Paul Tola alias Tolaa est de retour sur son île, la Guadeloupe, où il souhaite se réinventer. Larry Paul est l’un des invités de la Soul Funk Concept by Stéphane Castry, ce dimanche, à L’Appart (Jarry, Baie-Mahault). Sélène Agapé l’a rencontré.
Il ne suffit que d’une interprétation du refrain de Rock With You, de Michael Jackson pour le voir irradier. Lui, c’est Larry Paul Tola alias Tolaa. L’artiste guadeloupéen fait déjà le show ce dimanche, jusqu’à 19 heures, sur la scène de L’Appart. Larry Paul, jeune papa trentenaire originaire du Gosier, reprend son souffle après une année mouvementée et « covidée ». Découvert par le grand public en 2019, grâce à la comédie Joyeuse retraite avec Thierry Lhermitte et Michèle Laroque, dont il a écrit une partie de la bande originale, l’ex-chanteur lyrique se consacre aujourd’hui à la réalisation de son premier EP.
Comment êtes-vous passé du chant lyrique au style que vous avez aujourd’hui, plus R&B et soul ?
J’ai commencé le chant lyrique en Guadeloupe, pendant une dizaine d’années avec la concertiste et chanteuse lyrique Pierra Zamia. A côté, à la radio, j’écoutais Seal ou encore les Boyz II Men. Quand je suis arrivé à Paris à 18 ans, j’ai arrêté le chant lyrique pour « switcher » vers de la musique beaucoup plus R&B et soul. Le chant lyrique reste l’une des meilleures écoles pour maîtriser les techniques de chant. Entre-temps, pour faire plaisir à mes parents, j’ai passé une licence de Sciences de l’éducation et un DEUG de droit. Mais, à aucun moment, je n’ai douté du fait que je voulais devenir musicien professionnel. Avec le travail et un peu de chance, j’y suis arrivé ! A Paris, j’ai fait des concerts au Bizz’art, au Réservoir, à la Scène Bastille et au Bataclan.
Quelles sont vos influences ?
Je suis entre la soul et la pop. J’aime tout ce qui est la « black music » : le hip-hop, le gospel, la soul et le R&B. Mais aussi la pop anglaise, j’aime beaucoup Coldplay. J’écoutais aussi beaucoup Marvin Gaye, Luther Vandross et Pharrell avec son groupe N.E.R.D.
Quelles scènes vous ont le plus marqué ?
En 2018, j’ai fait plusieurs concerts privés en Europe, aux Etats-Unis, en Turquie ou encore, à la Barbade. Il m’est arrivé d’aller dans trois pays différents en une semaine. C’est assez fatigant. Deux scènes en particulier m’ont marqué. La première, c’était en Italie : j’ai chanté juste après John Legend. C’était très cool. L’autre, c’était à Londres, où j’ai chanté sur la même scène que Mariah Carey et Diana Ross. Il y a eu aussi Usher à Miami, Jason Derulo ou encore John Travolta. C’était de très bonnes expériences. J’ai vraiment eu de belles surprises lors de ces événements.
En ce moment, vous préparez votre premier EP. Il est prévu pour quand ?
J’ai déjà sorti le premier single, I Want You Back (I.W.Y.B), et son clip. J’espère finir mon EP cette année, et sortir un nouveau single très prochainement.
Est-ce qu’on aura droit à de beaux clips comme celui de I Want You Back ?
Merci beaucoup ! (Rires) Oui, parce que l’image est très importante pour moi. J’aime beaucoup la vidéo et l’esthétique des images. Pour le prochain clip, j’ai déjà de bonnes idées en tête. Et, la Guadeloupe est un très bon spot pour tourner de belles images. Le second clip est dans les starting-blocks.
Vous ne chantez qu’en anglais ?
En ce moment oui, mais je compose et écris en créole. J’écris aussi en français, mais plus pour d’autres projets. Pour l’instant, l’EP est un projet en anglais parce que je le ressens comme ça. Evidemment, je reste très ouvert à ma langue natale qui est le créole, ainsi que le français.
Vous écrivez pour d’autres personnes ?
Oui. J’écris pour des films et pour de la musique à l’image (la publicité). J’écris aussi pour d’autres artistes, mais je ne peux pas encore révéler lesquels. Je compose des chansons avec des paroles et la production du morceau entièrement aboutie. Après, c’est à l’artiste de décider. Par exemple, I Want You Back, je l’ai produit de A à Z. Il n’y a que la guitare et le Rhodes que je n’ai pas joués.
Vous avez co-écrit la musique de la comédie Joyeuse retraite. Comment cela s’est-il passé ?
J’ai rencontré par hasard le compositeur du film, Adrien Bekerman. Je lui ai fait écouter mes chansons et il a bien aimé ma voix. Il m’a dit qu’il m’appellerait s’il avait un projet. Quelques mois plus tard, il m’a appelé en me disant qu’il lui faudrait une voix pour la musique du film Joyeuse retraite. Je devais seulement interpréter un titre lors des essais, finalement je l’ai écrit. Au final, j’ai écrit trois morceaux pour ce film dont le générique de fin, Where Do We Go.
C’est une expérience que vous aimeriez renouveler ?
En fait, c’est un rêve de composer des musiques pour le cinéma. Les images m’ont toujours attiré. J’aimerais vraiment continuer dans cette direction.
Le monde du spectacle a été complètement bouleversé par la pandémie de coronavirus. Comment l’avez-vous vécue ?
Au départ, avec beaucoup de philosophie. Je me disais : « Comme on est à l’arrêt, je vais en profiter pour venir en Guadeloupe, passer du temps avec ma famille et me ressourcer ». J’ai d’ailleurs fait le clip de I Want You Back lors du premier confinement. Puis, au fil des mois, on commence à se poser des questions et à avoir beaucoup d’incertitudes. On cherche des plans B. Le mien, c’est d’être ici, en Guadeloupe, et continuer à me produire sur scène. L’idée, c’est de continuer à avancer en attendant des jours meilleurs.
Vous revenez souvent en Guadeloupe ?
Depuis quatre ans, je viens à peu près cinq fois par an en Guadeloupe. Cela fait longtemps que je suis dans l’Hexagone et plus le temps passait, plus je ressentais le besoin de venir en Guadeloupe pour faire un break, me ressourcer, voir ma famille. Ces dernières années, je suis venu très souvent avec l’envie d’y rester. Mais, à cause du boulot et des concerts, je restais en Europe.
Quels sont vos projets ?
J’ai été contacté par quelques professionnels de l’événementiel en Guadeloupe et des artistes. Il y a aussi des salles de spectacle qui m’ont proposé de faire des concerts donc je pense que d’ici avril-mai, je serai sur scène avec mes chansons.
Propos recueillis par Sélène Agapé