On l’appelle « L’affaire Madinecouty ». Fred Madinecouty l’appelle « Le procès d’un système. »
Fred Madinecouty, ancien directeur général des services de la Communauté d’agglomération Grand Sud Caraïbes, comparaît depuis lundi 8 mars devant le tribunal correctionnel de Basse-Terre.
Quinze co-prévenus devaient être présents avec lui. Mais Lucette Michaux-Chevry, ancienne présidente de la Communauté d’agglomération Grand Sud Caraïbes, a fait produire par ses avocats un certificat médical : malade, elle ne pourra pas avoir la force de se déplacer avant six mois.
Certains co-prévenus sont absents : ils ont changé d’adresse. Les convocations sont dans la nature. D’autres sont absents parce qu’ils n’ont pas été retrouvés.
Même Fred Madinecouty a des difficultés : deux de ses avocats sont bloqués dans l’hexagone à cause des difficultés à venir en Guadeloupe. La crise sanitaire est passée par là.
Le procureur qui occupe le siège du ministère public (l’accusation) était tout autant que Fred Madinecouty et Lucette Michaux-Chevry partisan d’un renvoi du procès en septembre.
Pas de renvoi
Quand tout le monde aurait pu être là. Pourquoi ? Parce qu’en lisant le dossier il a compris que de confrontations en cours d’audience jailliraient des vérités. Dans le feu de l’action on se retient moins.
D’ailleurs Fred Madinecouty a beaucoup de choses à dire. Il veut qu’on cesse de faire de lui un bouc émissaire et qu’on dise les choses.
Fred Madinecouty a été pendant quarante ans l’homme de Lucette Michaux-Chevry. Embauché à la mairie de Gourbeyre quand elle en était maire, il l’a suivie au Département puis à la Région, enfin à la Communauté d’agglomération Grand Sud Caraïbes. Directeur de cabinet, directeur général des services il gérait les collectivités pour son compte. Il gérait aussi, a-t-on dit, ses affaires personnelles.
C’est la clé d’un système politique puissant.
Ce serait, selon l’accusation, aussi la clé d’un vaste système de financement politique.
Un procès à rallonge
Celui des campagnes électorales mais aussi celui des détournements de fonds publics pour des dépenses personnelles de tout un tas d’élus du Sud Basse-Terre pendant une dizaine d’années une fois la main mise tant sur la mairie de Basse-Terre que sur la Communauté d’agglomération Grand Sud Caraïbes.
Tout ceci ressort d’un énorme dossier qui pourrait, au-delà de ces simples prévenus, au-delà de ce premier procès mal engagé, éclabousser d’autres élus dans une enquête en cours et qui piétine. Accuser est une chose. Prouver est tout autre chose.
Lundi, les magistrats ont refusé au bout de trois heures de discussions le renvoi demandé.
Le procès se poursuit aujourd’hui et il risque de durer plus que les quinze jours prévus : les avocats qui vont interjeter appel du refus de renvoi ont promis de donner du fil à retordre à des magistrats dont ils mettent en cause déjà l’impartialité. Mais, c’est de bonne guerre.
André-Jean VIDAL