Ah, l’affiche des ananas ! On en aura entendu parler. On ne l’aura vue, sauf sur les réseaux sociaux, que quelques heures sur la page Facebook de la préfecture de la Martinique. Soupçonné de racisme, le préfet Stanislas Cazelles, qui défaisait à peine ses valises, était au cœur d’une tourmente épidermique.
Un an plus tard, l’ancien conseiller outre-mer du président de la République Emmanuel Macron et toujours préfet de la Martinique est mis en examen pour « injure publique envers un groupe de personnes à raison de leur origine ou leur appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, en l’espèce par la publication d’une affiche sur la page Facebook du préfet de la Martinique. »
L’affaire
dépaysée
Le 1er juin, l’affaire étant dépaysée à Paris, il devra passer devant la fameuse 17e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire.
Il s’agira d’une audience de fixation pour déterminer un calendrier pour le dossier et,en particulier, fixer la date à laquelle le dossier sera effectivement jugé.
L’affaire a fait grand bruit, portée par sept personnes qui se sont constituées parties civiles : Kévin Zobal, Bruno Pelage, Wilhem Antonin, Axel Dédé, Charles Moussard, Lubert et Teddy Labonne.
L’affiche en question, qui a été publiée le 22 mai 2020 dans le cadre de la crise sanitaire de la Covid-19, préconisait une distanciation sociale entre deux individus, l’un clair, l’autre brun, d’un mètre ou… 5 ananas.
« Selon les plaignants, expliquait alors le procureur général à ses confrères de la Cour de cassation quand il a demandé le dépaysement de l’affaire, en septembre dernier, cette affiche révèlerait une forme de mépris à l’égard des Martiniquais en ce qu’elle soulignerait leur incapacité à apprécier autrement la distanciation que par une représentation imagée. »
Malgré le retrait de l’image, les excuses de la préfecture, les plaignants ont dit qu’ils iraient jusqu’au bout. Et cette tribune nationale qu’est Paris leur est offerte sur un plateau doré.