Tous les jours, de nombreux enfants sont victimes d’actes d’inceste de
la part de leurs parents, frères ou cousins. Cet acte cause des
traumatismes spécifiques sur la victime qui parfois ne guérit jamais de
ses blessures émotionnelles.
Pratique abjecte et malheureusement trop fréquentes dans nos sociétés
modernes, l’inceste a fait parler de lui ces dernières semaines. Ces
viols et agressions sexuelles se distinguent des agressions sexuelles et
des viols « classiques », car ils sont subis généralement à un très
jeune âge, et commis généralement par un parent. Ce double traumatisme laisse des séquelles qui peuvent être irréparables chez la victime.
« L’inceste entraîne dans un premier temps, une perturbation dans les
capacités d’apprentissage, car pour apprendre, il faut avoir envie de
connaître et de découvrir. C’est sur cette pulsion de la connaissance
que viens se greffer les violences sexuelles. L’enfant curieux à envie
d’apprendre et c’est sur cela que son agresseur joue » , explique Errol
Nuissier, psychologue.
La curiosité naturelle de l’enfant pervertie par le souvenir d’une
agression sexuelle est couplée à un sentiment de honte et de
culpabilité. Pervers et manipulateur, le bourreau se sert de sa position
d’adulte pour faire croire à l’enfant que tout est de sa faute.
Logiquement, les enfants victimes d’inceste développent plus tard en
grandissant des troubles liées à la confiance en soi et des difficultés
à avoir confiance en quelqu’un.
« Très souvent, les enfants en parlent très tôt à un proche ou à un
membre de sa famille qui soit, refuse de le croire ou à du mal à y
croire. » Ce blocage et ce rejet, souvent opérés par la cellule
familiale, sont la première cause des maux de confiance rencontrés par
les victimes d’inceste. C’est souvent arrivé à un âge adulte après avoir
rencontré d’autres personnes de confiance que l’enfant décide de libérer
sa parole, note Errol Nuissier.
L’insularité
un facteur
Le sentiment de honte et de culpabilité est renforcé dans les sociétés
insulaires du fait de l’étroitesse du territoire. « C’est ce que
j’appelle la caisse de résonance, reprend Errol Nuissier auteur de
l’ouvrage Les violences dans les sociétés créoles. Le sentiment de
honte est décuplé parce que tout le monde se connaît, tout le monde sait
qui vous êtes et qui sont vos parents et l’affaire fait rapidement le
tour de l’île ». Le phénomène de caisse de résonance peut être une
difficulté supplémentaire pour la victime de prendre la parole de peur
de jeter un discrédit sur la famille.
Le travail
de la psychothérapie
La psychothérapie est l’une des manières principales pour une victime de
se soigner des traumatismes causés par l’expérience de l’inceste. Les
professionnels travaillent avec les victimes sur les différents maux et
les difficultés qu’ils ou elles rencontrent dans la vie de tous les
jours.
L’un des premiers objectifs de la psychothérapie en ce qui concerne des
victimes d’incestes est de faire disparaitre le sentiment de
culpabilité. « Il s’agit d’un travail constant. Car il ne s’agit pas
seulement de la vie amoureuse, le traumatisme atteint la confiance dans
le monde du travail, dans les relations amicales…etc. Plus les années
passent et plus ce manque de confiance s’étend au sein de la victime.»
L’une des premières ressources utilisées pour ramener cette confiance
est d’utiliser la force de caractère de la victime. « Si vous avez vécu
et survécu à tout cela, c’est que vous êtes forte ».
Ce travail peut être facilité par la vie affective de la victime (si elle est en couple depuis, si elle a des enfants…), généralement si la personne est dans une relation amoureuse, elle peut être aidée par son partenaire qui lui témoigne de l’amour au quotidien.
Tafari TIROLIEN