En Guadeloupe, dès ce lundi, faire les magasins dans les boutiques des centres commerciaux Milénis (Les Abymes) et Destreland (Baie-Mahault) n’est plus possible. Une décision préfectorale pour lutter contre la propagation de l’épidémie de Covid-19, qui provoque l’incompréhension totale des commerçants.
À compter du 1er mars, les centres commerciaux de Guadeloupe de plus de 20 000 m² sont fermés au public. Une décision du préfet qui fait suite à l’augmentation du nombre de cas de coronavirus sur le territoire.
« Ce n’est vraiment pas juste. »
« Ce n’est pas normal, ni logique puisque le supermarché reste ouvert. C’est là qu’il y a plus de risques avec les gens qui font les courses que dans les petites boutiques où on accueille très peu de clients en même temps. Je trouve que ce n’est vraiment pas juste », confie Nassima, responsable en maroquinerie à Destreland.
« C’est honteux. »
En effet, l’ouverture du supermarché malgré cette mesure fait débat. « C’est un peu stupide si le supermarché est ouvert. Nous avons des petits commerces où nous pouvons accueillir deux à trois clients à la fois. Je ne comprends pas pourquoi on nous demande de fermer », commente Armelle. Un avis que partage Véronique, vendeuse en prêt-à-porter : « C’est honteux. On nous oblige à fermer alors que le supermarché est ouvert et que nous, petite boutique, avec peu de passage en même temps, on nous contraint à fermer. »
« On nous prend pour des c… ! »
Un sentiment d’injustice pour des commerçants déjà soucieux de respecter les règles sanitaires.
« On a le gel, le masque, on désinfecte le linge à la vapeur. Je ne sais pas, je ne comprends pas », ajoute Véronique, vendeuse en prêt-à-porter.
Un constat que fait Jérôme : « Nous suivons le protocole de protection, et, voir que les centres commerciaux sont fermés, on se demande pourquoi. Nous n’avons pas reçu de réponse plausible. Les petits centres commerciaux devraient aussi fermer puisqu’ils réunissent aussi du monde », ajoute-t-il.
Sylvie est révoltée. Pour elle, le problème est ailleurs. « On se rend compte qu’on nous prend pour des c… ! On envoie des touristes en Guadeloupe, alors qu’il y a un virus et nous, on nous empêche de travailler alors que d’autres magasins sont ouverts. J’aurais bien aimé que les gens se réveillent un peu pour stopper tout ça, le virus c’est le gouvernement ! »
« C’est nécessaire. »
Rares sont les commerçants qui se montrent plus compréhensifs. « On préfère subir une fermeture plutôt que d’être malades », explique Gary, qui va concentrer son activité sur sa boutique de chaussures de Pointe-à-Pitre.
« C’est nécessaire par rapport à ce qu’a dit le préfet. C’est aussi une mesure pour nous protéger car, nous, les commerçants, nous sommes les premiers à être face à l’épidémie. Les gens vont essentiellement venir pour acheter de la nourriture et non se promener en regardant les articles sans forcément avoir besoin d’acheter », constate Jonathan, vendeur en magasin de sport à Milénis (Les Abymes).
Elodie Soupama
La crainte d’une prolongation
Cette nouvelle mesure est applicable jusqu’au 9 mars. Mais, la plupart des commerçants craignent qu’elle soit prolongée. « Je pense que les clients seront au rendez-vous à la réouverture. Mais, on est un peu inquiet de savoir combien de temps cela va durer », confie Marie-Hélène, responsable d’une bijouterie.
Les seules activités autorisées sont la livraison et le retrait de commandes, ont annoncé les autorités. La vente en ligne est aussi une option pour certaines boutiques. Mais, le constat est sans appel, leur chiffre d’affaires sera impacté cette année encore.