OPINION L’engourdissement

L’économie guadeloupéenne a évité ce nouveau confinement. Les entreprises ont poussé un ouf de soulagement.

Sont-elles pour autant désormais à l’abri ? Pas sûr ! La perspective d’une reprise vigoureuse et durable s’éloigne. L’épidémie a, même sans confinement, un effet négatif notable sur l’activité économique. Les entreprises locales vont probablement subir un processus d’engourdissement accentué par l’arrêt d’activité des  autres territoires.

Les fournisseurs, les clients, les voyageurs, les partenaires hexagonaux et de la Martinique sont confinés. Les impacts extérieurs de ce reconfinement national et de l’île sœur auront des répercussions sur  l’approvisionnement, la consommation et l’investissement.

Car l’économie de la Guadeloupe est extravertie. Elle nourrit des relations abondantes avec l’extérieur. De plus, les acteurs du cru ne seront pas éligibles au renouvellement des aides du deuxième confinement, plus performantes.

Ainsi, par exemple, le fonds de solidarité, mis en place en mars pour venir en aide aux PME et aux indépendants, va acquérir une nouvelle dimension et sera renforcé pour les confinés. Certaines entreprises souffriront un peu mais survivront. Dans les télécoms, l’e-commerce, l’informatique, la pharmacie, l’immobilier, le bâtiment, l’agroalimentaire ou l’énergie, la Covid-19 crée des complications.

Mais ces entreprises s’en sortent car il y a aussi des opportunités.
Pour d’autres, déjà affaiblies, le ralentissement sera destructeur.

L’aérien, le tourisme, l’hôtellerie, la restauration, les spectacles, le petit commerce, qui avaient déjà un genou à terre, risquent de se retrouver au sol. De très nombreuses faillites sont à prévoir.

D’ailleurs la CCIG prévoit la création d’une cellule d’accompagnement sur cette préoccupation. Les baisses de charges, le chômage partiel ou les PGE contribuent à retarder les échéances. Mais, comment tenir avec un chiffre d’affaires qui est proche de zéro ou avec une perte de marge brute ? Comment couvrir les charges fixes, rembourser le passif ?


La situation des entreprises, en début d’année, était tout juste à l’équilibre, mais elle était nettement plus solide qu’aujourd’hui. Depuis, les trésoreries ont fondu pour les plus touchées. De nouvelles dettes ont été contractées. L’activité partielle a permis de sauver provisoirement des emplois. Le report des échéances de cotisations a pu aider, mais les pertes d’exploitations non indemnisées ont été telles que le tissu économique s’est terriblement affaibli.


La  vraie question qui se pose sera celle de la confiance. Le « stop-and-go » de l’épidémie risque désormais de freiner la consommation et l’investissement. L’engourdissement, qui se définit comme un état général de ralentissement, s’il n’est pas secoué, se transformera en paralysie, et privera l’économie Guadeloupéenne d’une partie de ses membres.

Philippe KALIL

Expert-comptable

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