En Martinique, carnaval oblige, durant trois semaines, gestes barrières et règles sanitaires ont été mis à mal. Les défilés et vidés sauvages ont tout naturellement pris le pas sur les restrictions et interdictions préfectorales.
Le mois de février aura été marqué par de nombreux rendez-vous populaires sans protections sanitaires au grand dam des autorités, en Martinique. Pour les jours gras, spécifiquement, des dispositions avaient été prises par les organisateurs foyalais, avec le soutien de la Préfecture, pour un carnaval autrement, mené au stade Pierre Aliker de Dillon. Carnaval qui, sur des allures de folklore, n’aura pas rassemblé la grande foule, tandis que se multipliaient dans la capitale les vidés de rues non autorisés.
Jusqu’au bout…
On aura ainsi assisté parfois à des oppositions musclées entre forces de l’ordre et carnavaliers comme le 16 février au soir, aux alentours de Fort-de-France, heureusement sans incidents notoires
Ce mercredi 17 février, dernier des jours gras, les carnavaliers auront été jusqu’au bout de leur défi, jusqu’au bout de la tradition, avant de brûler le Vaval, cette année à l’effigie de Stanislas Cazelles, le préfet de Martinique. Un bwa-bwa tout trouvé, quand on sait que Vaval symbolise toutes les douleurs de l’année écoulée. Les carnavaliers auront vu en la personne du préfet leur souffre-douleur, tant l’homme aura été décrié tout au long de l’année écoulée pour ses décisions.
Les avis sont partagés
A l’heure du bilan, chacun y va de son commentaire. Tandis que les uns prônent le militantisme culturel pour justification à leur désobéissance, les autres clament l’irresponsabilité des contrevenants.
Certains considèrent le carnaval comme un pan primordial de la culture locale, un patrimoine à défendre en dépit du risque sanitaire ou des interdictions de rassemblement. D’autres s’interrogent sur le bien-fondé des parades et autres vidés sauvages, au vu des conséquences déplorables que ceux-ci pourraient avoir sur l’ensemble de la population en terme sanitaire. Une population qui se reconnaît divisée, attendant avec impatience les chiffres à venir de la pandémie pour justifier tel ou tel comportement. Ce qui est sûr, c’est que le carnaval aura prouvé aux uns et aux autres qu’il ne saurait s’embarrasser d’interdits ou de restrictions d’aucune sorte.
Rodolf Etienne
Les forces de l’ordre ont eu fort à faire
On aura aussi reconnu la tolérance, en la matière, des autorités compétentes, puisqu’aucun incident majeur, aucun zèle déplacé ne sera venu gâcher la fête. Pour autant, les forces de l’ordre auront bien été mobilisées sur le terrain et auront eu fort à faire pour mettre de l’ordre dans tout ce charivari. Le préfet, toujours lui, condamnait fermement les manifestations non autorisées qui se sont déroulées dans Fort-de-France et les violences qui ont eu lieu contre les forces de sécurité.
« Des incidents ont eu lieu lorsque des manifestants ont voulu forcer des barrages de police. Ces violences sont inacceptables. L’usage de gaz lacrymogène par les forces de sécurité a été nécessaire », explique la préfecture, tout en rappelant que « face à la Covid-19, c’est la responsabilité de chacun qui est en cause pour ne pas faire circuler l’épidémie ». Et si les carnavaliers, principalement ceux qui auront défié le bon ordre des choses, s’estiment satisfaits, du côté des édiles, c’est le moment de la réflexion, de l’analyse pour, certainement penser le carnaval toujours autrement, en dépit de l’échec ou du succès en demi-teinte de la première édition du « Milim 4 Fwa – Carnaval autrement » au stade de Dillon. Le rendez-vous est déjà pris pour l’an prochain. A moins d’une crise sanitaire majeure ou d’un nouveau confinement strict, les autorités sont au moins déjà préparées : rien n’arrête le carnaval en Martinique.