Tout commence par une vidéo qui fait le tour des réseaux sociaux. Il y a des jeunes, torses nus dans ce qui ressemble à un vestiaire. Ils chantent à tue-tête et l’on comprend bien que ce créole entonné par tous contient des propos pour le moins injurieux.
Il s’agit en fait d’une fin de match et les jeunes qui sont là fêtent leur victoire en insultant copieusement leurs adversaires.
Ce soir du 30 janvier 2021, les joueurs du Club Franciscain, équipe de football martiniquaise composée de jeunes gens de talent, ont défait l’US Sinnamary, de la Guyane. Qui n’a pas démérité mais a raté sa qualification en 16e de finale de la Coupe de France.
Plus tard, comme le match se passait en Guyane, des Guyanais, supporters de l’US Sinnamary vont tenter de forcer les portes de l’hôtel où sont hébergés les Martiniquais. Ceux-ci, dégrisés, sont allés leur dire qu’ils étaient désolés. Ils se sont platement excusés.
Bisous et coups
de couteaux
dans le dos
Rodolphe Alexandre, président de la Collectivité territoriale de la Guyane, dont on sait qu’il a un caractère bien trempé, n’a pas apprécié la chanson (c’est pourtant un mélomane averti) et l’a fait savoir haut et fort (mais pas en chanson).
Alfred Marie-Jeanne, son homologue martiniquais, a pris sur lui et a présenté à son tour des excuses à la Guyane toute entière.
Plus tard, Samuel Tavernier, maire du François (Club Franciscain) et Michel-Ange Jérémie, maire de Sinnamary (US Sinnamary) se sont réunis, accompagnés des deux présidents de clubs et ont décidé de calmer le jeu. Ils ont même pensé qu’un jumelage des deux communes ce serait bien (comme ça les rencontres entre les deux clubs de football seraient plus fréquentes !).
Malheureusement, si tout le monde s’est montré contrit et plein de bonne volonté… en public, discrètement chaque dirigeant de club a téléphoné à la Fédération Française de Football pour se plaindre, courrier en appui de la demande, l’UC Sinnamary demandant condamner le Club Franciscain pour injures, le Club Franciscain demandant de condamner l’UC Sinnamary pour séquestration (l’épisode de l’hôtel).
La FFF a instruit les plaintes et rendu sa décision : le Club Franciscain a été condamné à verser 1 000 euros… aux calendes grecques puisque c’est avec le bénéfice du sursis.