La visite officielle d’Aurore Bergé, ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, en Guyane, Guadeloupe et Martinique, restera marquée d’un engagement fort : la possibilité pour les victimes de déposer plainte à l’hôpital.
Ici et ailleurs, la violence conjugale est un fléau qui interpelle la société, – spectatrice involontaire de faits intolérables -, et mine les familles. Au-delà de la victime principale, bien souvent, les enfants, victimes collatérales, subissent le poids de ces violences en silence.
À travers la voix d’Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, l’Etat se saisit pleinement de ce sujet.
« Le nombre de signalements est en augmentation : les victimes osent dire, osent porter plainte, mais il y a aussi les signalements des voisins, des collègues, des proches. C’est mon combat : garantir que toute la société se sente concernée par la question des violences ! Il ne faut jamais s’habituer à la violence : il faut toujours considérer que toute violence est insupportable et intolérable, insiste la ministre Aurore Bergé. Nous renforçons nos moyens particulièrement à certaines périodes où plus de violences pourraient survenir, notamment pendant les festivals. Des actions supplémentaires ont été engagées parce que, dans la moitié des féminicides, l’excès d’alcool est en question. »

Faciliter l’accès à la justice
En visite officielle aux Antilles-Guyane, depuis mardi (22 avril), Aurore Bergé enchaîne les rencontres avec les acteurs de terrain, engagés dans la lutte contre les violences conjugales, sexistes, sexuelles. La ministre a pris un engagement fort, jeudi 24 avril, avec la signature d’une convention qui facilitera le dépôt de plainte des femmes victimes de violences conjugales directement au sein du CHU de Guadeloupe, du Centre hospitalier de Basse-Terre ou à l’hôpital de Capesterre Belle-Eau.
« Cette convention précise le rôle des établissements de santé dans la prise en charge des patientes victimes de violences, explique Eric Guyader, directeur général du CHU de la Guadeloupe. Pour nous, il est important que les professionnels concernés par l’accueil de ces patientes soient le mieux formés possible et qu’ils puissent travailler avec l’ensemble de nos partenaires : l’unité de médecine judiciaire, le procureur et les autorités de Police et de gendarmerie pour faciliter le dépôt de plainte. »
Le dépôt de plainte à l’hôpital, qui engage l’ensemble des services de l’Etat, le monde judiciaire, le CHU, le Centre hospitalier de Basse-Terre et l’hôpital de Capesterre Belle-Eau, prendra effet le 30 juin. Ce dispositif vient renforcer l’arsenal mis en place au profit des victimes, notamment l’aide universelle d’urgence aux victimes de violences conjugales.



« Les pensions alimentaires impayées seront récupérées »
Créé en 2023, ce nouveau service apporte une sécurité financière aux victimes pour faire face aux premières dépenses au moment de la séparation. Versée par la Caisse d’allocations familiales, entre un et trois jours, elle tient compte des ressources des victimes et du nombre d’enfants. Depuis sa mise en place, 42 000 personnes en ont bénéficié en Guadeloupe, dont 170 en Guadeloupe, pour un montant moyen de 882 euros.
Autre outil au service des victimes, l’Aripa (Agence de recouvrement des impayés de pensions alimentaires). « Trop longtemps, des milliers de parents isolés, le plus souvent des mères, ont dû faire face, seules, à l’absence de soutien financier à l’issue d’une séparation, rappelle Aurore Bergé. Désormais, l’État intervient : les pensions alimentaires impayées sont récupérées, versées sans délai aux familles et les mauvais payeurs poursuivis. Les pensions et leur règlement ne peuvent plus être utilisés comme un outil de chantage de la part du parent qui doit la verser ! » À bon entendeur…
Cécilia Larney
Pour aller plus loin
La signature de la convention cadre pour le dépôt de plainte à l’hôpital constitue « une étape essentielle, selon Eric Maurel, procureur général. Elle pose le cadre pour qu’une femme qui sera dirigée vers l’hôpital par les gendarmes, les policiers ou qui se présentera à l’hôpital pour y être soignée, de faire recueillir sa plainte dans les locaux de l’hôpital, dans un milieu protégé et sans que l’auteur des violences en soit informé. Cette première étape va être déclinée de manière opérationnelle : les procureurs de la République de Basse-Terre et de Pointe-à-Pitre vont se rapprocher de l’ensemble des acteurs institutionnels (Police, gendarmerie, hôpitaux…) pour établir les moyens de communication (adresse, téléphone…) pour qu’à partir du 30 juin, les hôpitaux, les gendarmes, les policiers communiquent de manière aisée avec l’institution judiciaire. »