Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, informera ce lundi le Conseil de sécurité « qu’entre décembre 2024 et février, le BINUH a enregistré 2 660 victimes d’homicides volontaires, dont 323 femmes, 19 filles et 55 garçons » lors d’une réunion d’information et d’un huis clos sur la situation en Haïti, peut-on lire dans une dépêche du Security Council Report.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, informera le Conseil de sécurité « qu’entre décembre 2024 et février, le BINUH a enregistré 2 660 victimes d’homicides volontaires, dont 323 femmes, 19 filles et 55 garçons » lors d’une réunion d’information et d’un huis clos sur la situation en Haïti, a peut-on lire dans une dépêche du Security Council Report (https://www.securitycouncilreport.org/whatsinblue/2025/04/haiti-briefing-and-consultations-14.php ».
« Selon le rapport du Secrétaire général, entre décembre 2024 et février, le BINUH a enregistré 2 660 victimes d’homicides volontaires. Cela représente une augmentation de 41,3 % du nombre de victimes par rapport à la période précédente, de septembre à novembre 2024 », selon cette dépêche.
« Le rapport décrit plusieurs attaques menées par des gangs dans la région de Port-au-Prince, augmentant la pression sur des quartiers auparavant sûrs et faisant craindre un « effondrement imminent » de la présence de l’État dans la capitale. Le rapport souligne également les tentatives des gangs d’étendre leur contrôle au-delà de Port-au-Prince », peut-on lire dans cette dépêche.
Le rapport indique que la police nationale haïtienne (PNH) n’a pas été en mesure de contenir l’expansion des gangs et souligne que « sans un soutien supplémentaire de la communauté internationale en matière de sécurité, les perspectives sont sombres », selon cette dépêche.
La représentante spéciale et chef du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH), María Isabel Salvador, présentera les développements récents en Haïti et le dernier rapport du Secrétaire général sur le BINUH (S/2025/226) depuis le dernier rapport du 13 janvier 2025.
Dans son exposé, Mme Salvador devrait réitérer la profonde inquiétude du Secrétaire général face à « l’emprise des gangs sur Port-au-Prince » et à l’augmentation significative de la violence dans le pays.
La réunion de lundi sera la première réunion du Conseil de sécurité sur la situation en Haïti depuis que les membres ont reçu la lettre du Secrétaire général du 24 février contenant des recommandations stratégiques sur les options pour le soutien de l’ONU à Haïti. Dans sa lettre, le Secrétaire général a déclaré que la transformation de la mission multinationale d’appui à la sécurité (MSS) dirigée par le Kenya en une opération de maintien de la paix n’était « pas une option réalisable » à l’heure actuelle.
Sous l’administration de l’ancien président Joe Biden, les États-Unis avaient soutenu la mise en place d’une telle mission et, avec l’Équateur, alors membre du Conseil, les co-porteurs du Conseil sur Haïti à l’époque, avaient initié un projet de résolution qui aurait demandé au Secrétaire général de commencer à planifier la transformation de la mission MSS en une opération de maintien de la paix de l’ONU. Le projet de résolution a finalement été abandonné, suite à l’opposition de la Chine et de la Russie, qui ont invoqué l’histoire mouvementée des opérations de maintien de la paix de l’ONU en Haïti, entre autres réserves.
En guise de compromis, le Conseil a demandé au Secrétaire général, en novembre 2024, de formuler des recommandations sur les options possibles pour le soutien de l’ONU à Haïti. Avant que le Secrétaire général n’envoie sa lettre du 24 février contenant ces recommandations, la France et le Royaume-Uni avaient également exprimé leur soutien à la transformation de la mission MSS en opération de maintien de la paix.
Au lieu d’une opération de maintien de la paix de l’ONU, le Secrétaire général a recommandé, entre autres, la création d’un Bureau d’appui de l’ONU chargé de fournir un soutien logistique et opérationnel complet à la MSS, notamment en matière d’hébergement, de capacités médicales et de soutien à la mobilité et aux technologies de l’information.
Les contributions mises en recouvrement sur le budget de maintien de la paix de l’ONU couvriraient ce soutien, tandis que les contributions volontaires accrues des États membres de l’ONU couvriraient les formes de soutien à la mission de SSM que l’ONU ne peut pas fournir, telles que les allocations, les capacités de niveau militaire et l’équipement létal. En outre, la lettre proposait que le Bureau d’appui de l’ONU fournisse « un ensemble limité de soutien non létal » à la PNH, qui serait financé principalement par des contributions volontaires.
Le secrétaire général a également proposé la création d’un groupe permanent d’États membres chargé de fournir à la mission de surveillance maritime « une orientation stratégique, une supervision et une prise de décision », les fonctions clés étant notamment de garantir un financement volontaire.
Les chefs de gouvernement de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) ont exprimé leur soutien aux propositions du secrétaire général lors de leur réunion annuelle qui s’est tenue du 19 au 21 février à la Barbade. Dans une lettre datée du 6 mars, Leslie Voltaire, alors président du Conseil présidentiel transitoire d’Haïti, a également soutenu la proposition.
Le Conseil de sécurité doit encore examiner la proposition contenue dans la lettre du Secrétaire général. Il semble que la position de l’administration du président américain Donald Trump sur l’assistance sécuritaire à Haïti reste floue. Des rapports faisant état d’éventuels plans américains visant à réduire le financement de l’ONU, y compris des missions de maintien de la paix, ont renforcé l’incertitude.
Les États-Unis restant le principal fournisseur de soutien financier à la mission MSS et — maintenant avec le Panama — le co-titulaire du Conseil sur Haïti, il semble que les autres membres du Conseil aient attendu que les États-Unis clarifient leur position avant de proposer les prochaines étapes pour Haïti.
Dans le même temps, il est possible que les membres du Conseil entament des délibérations sur la manière de répondre à la lettre du Secrétaire général lors des consultations à huis clos qui doivent suivre la réunion de lundi.
Lors de la réunion de lundi, les membres du Conseil devraient exprimer leur inquiétude face à la violence incontrôlée et à la détérioration rapide de la situation sécuritaire en Haïti. De nombreux membres du Conseil devraient réitérer la nécessité pour la communauté internationale et le Conseil de sécurité d’agir. Plusieurs membres pourraient souligner l’importance de renforcer la présence de l’ONU en Haïti et demander un soutien supplémentaire aux autorités haïtiennes pour rétablir la stabilité et à la mission MSS pour mener à bien son mandat.
D’autres membres peuvent rappeler l’inefficacité des précédentes initiatives de soutien à la paix des Nations unies en Haïti et inviter les autorités haïtiennes et la communauté internationale à s’attaquer aux causes profondes de la crise dans le pays. Ces membres pourraient souligner l’importance du leadership haïtien et de l’appropriation de toutes les initiatives politiques et sécuritaires.
Plusieurs membres du Conseil devraient également appeler à des mesures plus fortes pour endiguer le flux illicite d’armes et de munitions qui continue d’alimenter les activités des gangs dans le pays, malgré l’embargo sur les armes imposé à Haïti par le Conseil dans sa résolution 2653 du 21 octobre 2022.
La détérioration de la situation humanitaire en Haïti sera probablement un autre point central de la réunion de lundi. Le dernier rapport de la phase de classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC), daté du 14 avril, estime qu’environ 5,7 millions de personnes — plus de la moitié de la population haïtienne — sont confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë. Lors d’une conférence de presse tenue le 16 avril, la directrice générale de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), Amy Pope, a déclaré qu’un million de personnes étaient actuellement déplacées en Haïti.
En outre, le rapport du Secrétaire général note que l’aggravation des conditions humanitaires a entraîné une augmentation des épidémies de choléra, en particulier dans certaines localités du département de l’Artibonite. Selon le Plan de réponse humanitaire 2025 pour Haïti, lancé le 25 février, les Nations unies et les partenaires humanitaires auront besoin de 908 millions de dollars en 2025 pour fournir une aide vitale et une protection à 3,9 millions de personnes vulnérables. Cependant, au 17 avril, l’appel n’était financé qu’à hauteur de 6,3 %.
Le représentant de la société civile devrait se concentrer sur la situation des femmes et des filles en Haïti. Dans une mise à jour du 14 avril, l’organisation non gouvernementale Care International a souligné que les déplacements, la faim et la violence en Haïti affectent de manière disproportionnée les femmes et les filles.
Selon le rapport du Secrétaire général, le dispositif de suivi, d’analyse et de rapport (MARA) du BINUH sur la violence sexuelle a enregistré 347 incidents affectant 379 survivants (315 femmes, 63 filles et un homme) entre octobre 2024 et février. Le rapport souligne également que les sites de déplacement présentent des risques accrus de violence sexiste en raison d’un « éclairage inadéquat, de points d’eau éloignés et de l’absence d’infrastructures sensibles au genre ».
Lundi, les membres du Conseil condamneront probablement toutes les formes de violence sexuelle et sexiste, ainsi que les récentes attaques contre le personnel humanitaire et les médias. Ils pourraient également s’alarmer de la détérioration de la situation des droits de l’homme dans le pays, notamment du recrutement forcé et de l’exploitation des enfants par des gangs, et demander que les auteurs de toutes les violations rendent des comptes et que les survivants des violences sexuelles et sexistes bénéficient d’un soutien complet.
Un représentant de la société civile est également attendu. La République dominicaine et le Kenya pourraient participer en vertu de l’article 37 du règlement intérieur provisoire du Conseil.
Au moment de la rédaction de ce document, les signataires des engagements communs sur les femmes, la paix et la sécurité (FPS) — Danemark, France, Grèce, Guyana, Panama, République de Corée (ROK), Sierra Leone, Slovénie, Royaume-Uni et États-Unis — négociaient une déclaration commune sur la situation des femmes et des filles en Haïti, qui sera lue lors d’une séance de consultation avant la réunion.
Source : Le Nouvelliste